Chez moi, en Helvétie, il n’y a pas que les montres, du chocolat et LE « Cenovis » ! Je vous entends vous poser une tonne de question sur CE « Cenovis », mais voilà, aujourd’hui je ne vous en dirai pas plus, car ma chronique n’est pas ici pour vous vanter ce met culinaire, que l’on adore ou que l’on déteste. Ce matin je me suis levée avec l’envie de vous parler d’un auteur et ami helvète Bertschy. Créateur de plusieurs séries de bandes dessinées et d’albums humoristiques illustrés, je profite de la sortie du tome cinq des aventures de Nelson en petit format aux éditions Dupuis pour rendre un hommage à l’homme et ses créations et pour vous rappeler par la même occasion que nous avons nous aussi, dans nos verts pâturages, des artistes qui méritent d’être connus et reconnus.
De son prénom Christophe, Bertschy ne fut pas premier de la classe. Très jeune le désir de faire de la bande dessinée lui vient comme une évidence. Graphiste de formation, il travaille un certain temps dans une multinationale du tabac. Le voilà déjà les pieds en enfer, dit la fumeuse invétérée que je suis, mais ça aussi c’est une autre histoire. Il débute dans le magazine « Tchô » aux côtés de bédéistes peu connus à l’époque, mais qui ont tous fait une jolie carrière depuis : Zep, Nob, Lisa Mandel, Tebo, Buche (un autre petit Suisse), Boulet ou encore Dab’s. Il y entre avec un personnage improbable « Jimmy Brocoli ». Juste un mot au passage pour le sale gosse qui me lira, oui j’adore les BROCOLIS. Quand le gabarit du magazine change et qu’il doit passer du strip trois cases pour de la planche, il se rend compte que la dimension ne convient pas aux malheureuses Brassicacées. Il passe donc du héros « légume » à celui d’humain. Smax et sa clique d’ados peu conventionnels voient le jour. Cinq tomes édités chez Glénat.
Une année enfin, il y a un peu plus de 20 ans, en 2001, apparaît pour la première fois dans un journal local des histoires courtes de quelques cases, dont la couleur prédominante est l’orange. Cela tombe bien, la teinte du quotidien est elle aussi celle de ce fruit doux et parfois amère. Nelson est né. Le diablotin se trouve être le châtiment que Julie doit endurer à la suite de l’horrible crime qu’elle a commis. La demoiselle a volé un rouleau de papier toilette sur son lieu de travail. Le conseil qu’elle peut vous donner après ce méfait, est le suivant « ne commettez jamais cet impair, il vous en cuira ». À moi de rajouter « au propre comme au figuré ». Le démon ne s’en prend pas qu’à la célibataire endurcie, il malmène abondamment son labrador Floyd, qui n’est pas très dégourdi je vous l’accorde et ses comparses canins, Frolo et Spoutnik. Il rend dingue Hubert, son collègue de boulot, certes un peu collant et Dolorès, la sœur gothique de Julie, qui a fait ses premiers pas dans les albums Smax. Et pour finir la figure récurrente Stupidon, un avatar de Cupidon. Ce sont 25 volumes parus dans le format classique et depuis 2021, cinq autres en dimension réduite à la BDKIDS. Si le contenu de cette nouvelle présentation n’est pas de l’inédit, Bertschy à malgré tout retravaillé la mise en page et les gags. Adapté pour les plus jeunes, le farceur orangé les fera tout autant rire du fait de ses frasques infernales, gloutonnes et délirantes, mais jamais bien méchantes. Plusieurs décennies à créer sur ordinateur, l’artiste est revenu aux bases et a ressorti papier et crayons de couleurs. Cette fois pour croquer notre charmant pays par des sketchs d’une page, accompagnés d’un texte humoriste, Le feu au lac ou le milieu médical Vous êtes malade. Qui a dit que les Suisses ne savaient pas rire d’eux-mêmes ?
Vous l’avez compris, dans ma belle contrée on sait se marrer, glousser, se fendre la gueule et on ne se prend pas vraiment au sérieux ! Vous ne me croyez pas ? Alors, profitez de l’été pour passer me faire un bref coucou…coucou…coucou…coucou. Oui, je sais, j’ai juste avalé une pendule…coucou….
Chronique de Nathalie Bétrix

©Dupuis, 2023.