Il y a des histoires qui pourraient sembler triste au premier coup d’œil et qui finalement nous mettent du baume au cœur et nous font percevoir que la vie peut être belle….
Joséphine Mark, l’autrice allemande nous offre avec Le voyage de malade édité par Gallimard Bande dessinée un récit drôle et sensible qui traite de la maladie. Ayant été confrontée à plusieurs cas dans sa sphère familiale et dans son cercle d’amis, elle décrit ces bouleversements comme « beaucoup de piqûres d’épingle ».
Elle s’est penchée sur ce que l’on pouvait éprouver face à la mort, au départ d’un être aimé et au lâcher prise. Inspirée par son combat contre le cancer, cette bande dessinée a pris forme pendant son traitement. Une jolie façon de mettre en images les maux qu’elle endura lors de cette épreuve.
Son dessin est tendre et les personnages ont des frimousses charmantes. Les teintes sont vives, sans être criardes et la mise en page amusante. L’artiste travaille avec différents accessoires : L’aquarelle, des feutres fins et de l’encre. Elle utilise également des techniques numériques, telles que les graphiques vectoriels.
Dans une forêt où tout semble paisible, des animaux attendent leur tour pour se faire soigner par le médecin. Il y a des bobos sans grande importance, ainsi que des maladies plus graves. Lapin, n’est pas très rassuré quand il voit le soignant dérouler la longue liste de médicaments qu’il va devoir ingurgiter. Loup quant à lui, ne trouve pas très plaisant la manière dont l’infirmier veut procéder à sa prise de sang. Le canidé furibard éjecte le soigneur et croise le regard du rongeur perfusé. Tout tremblant face aux crocs effrayants, Lapin imagine que sa dernière heure vient de sonner. Ils sont dérangés par un ramdam tonitruant et voient défiler dans tous les sens les habitants du bois. Giboyés par des chasseurs, il est temps pour nos patients de prendre la fuite. Le canis lupus qui a bon fond manifestement ne peut abandonner le rongeur affublé de son goutte à goutte. N’écoutant que sa raison, il emporte sous son bras le léporidé et lui propose de rester à ses côtés tant que durera sa thérapie. Il ne s’attendait pas à ce que cela soit si long. Le moribond en a pour cinq mois. Quand on donne sa parole, on ne la reprend pas, les voilà donc dans le même bateau, je dirais même mieux, sur la même moto. Commence un road trip infernal qui mènera nos deux lascars sur la route et vers une franche amitié.
Qui a dit un jour « qui se ressemble s’assemble » ? Mais pourquoi donc ? Nos différences font de nous notre force et nous poussent à la curiosité. A-t-on vraiment envie de passer tout notre temps avec un double ? Moi je pense que non et ça ne me ferait clairement pas rêver. Lapin et Loup, vivent certes dans le même coin et fréquentent les mêmes chemins. Lui est grand et l’autre tout petiot. Le souffreteux est herbivore, le malabar est… végétarien ! Tout fout le camp! Le minus est doux et mal fichu, le « sur-denté » colérique et vigoureux. Quoi de mieux pour s’aider et se soutenir quand nos forces et notre vision de l’existence diffèrent? Le balaise est attendri par les effets secondaires que cause la maladie et le flapi reconnaissant de la prévenance que lui porte son nouvel associé. Parce que oui, ils le sont, il faut bien être au moins deux pour vaincre le méchant crabe.
Ce petit album est bienveillant, il démontre une fois encore que si l’on porte un peu d’attention aux autres, on peut leur apporter du soutien et permettre que la guérison se fasse dans les meilleures conditions. L’aventure est attrayante, parfois triste, mais elle nous fournit mille raisons d’aimer son prochain ! Allez, arrêtons d’être égoïstes et ouvrons notre cœur aux autres….
Chronique de Nathalie Bétrix

© Gallimard Bande Dessinée, 2023.