La première série que j’ai lue de Keigo Shinzo est l’hilarante Tokyo alien bros. Trois volumes édités par Le Lézard noir, qui est également l’éditeur de Mauvaise herbe. Le nombre de volumes pour celle-ci se situera entre quatre et cinq tomes. Cette fois, je sais que je vais moins rire, compte-tenu du sujet grave abordé… Problématique plutôt courante au Japon et régulièrement traitée dans divers mangas. Si on a l’impression que cela fait partie des mœurs, cela reste un vrai problème de société. J’ai fait un petit tour par Tokyo il y a quelques années. Dans le quartier d’Akihabara je me suis trouvée dans un grand magasin pour geeks. Figurines, costumes de cosplay, dvd etc…Me voilà partie pour monter au dernier étage et me retrouve face à un mur couvert d’images de (très) jeunes filles que l’on peut louer comme hôtesses (?!). Les hommes se baladaient devant l’air de rien…
Shiori est un jeune fille de presque 16 ans. Elle se trouve, pour gagner un peu d’argent, dans ce qui passe pour un salon de massage. Il est bien indiqué sur la porte que lorsque l’on franchit l’entrée, on est nullement dans une maison close. Le lieutenant Yamada, avec un de ses collègues, s’apprête à faire une descente dans l’établissement. Il se retrouve nez à nez avec la jeune femme. C’est un choc pour lui, il a l’impression de se retrouver face à sa fille « Kozue », morte il y a un certain temps. La police embarque tout le monde ce qui ne plaît ni à la direction, ni aux clients. Lors de son interrogatoire, Shiori reste dans un profond mutisme.
Ces premières pages m’ont littéralement embarquée dans l’intrigue. Il ne m’en a pas davantage pour avoir envie de connaître la suite. Shinzo, a une grande force de narration et son trait fluide et profond, donnent du caractère à tout ce qu’il fait.
Le lieutenant Yamada, n’aura de cesse de vouloir à tout prix sortir Shiori de sa dérive, allant jusqu’à outrepasser ses droits pour en savoir plus sur l’adolescente. Il se rend chez elle pour y rencontrer sa maman. Celle-ci n’est pas très positive vis-à-vis de sa fille. Elle ira même jusqu’à lui faire comprendre que de toute manière elle est perdue pour la société et qu’elle aurait mieux fait de ne jamais la mettre au monde. Tout cela va renforcer l’envie du flic de la protéger et de le prendre sous son aile. Si la collégienne lui lance des appels aux secours, elle fugue aussi et ne lui laisse pas beaucoup de répit… Elle n’aura de cesse, de se mettre dans de mauvaises postures et tout cela pour ne pas devoir dormir dehors. Le policier va la retrouver et la perdre maintes fois. Mais à force d’acharnement et surtout à cause du souvenir de sa fille partie trop vite, il ne baissera jamais les bras.
Ce premier volume foisonnant de détails est dense et très prometteur. Il est clair qu’il m’a mis l’eau à la bouche et que je me sens un peu assoiffée depuis que je l’ai terminé. J’ai trouvé les deux personnages attachants, lui séduit par sa douceur et sa détermination, et elle nous touche par sa détresse et de sa force face à cette vie de souffrance. Une bonne nouvelle, le tome 2 sortira avant l’été !
Chronique de Nathalie Bétrix