Un putain de salopard est la nouvelle série qui déchire.
Elle est scénarisée par Régis Loisel, illustrée par Olivier Pont, colorisée par François Lapierre et éditée par Rue de Sèvres ce qui offre déjà de belles garanties.
C’est Olivier Pont qui est à l’origine de ce projet. Après avoir arrêté la BD pour se consacrer un temps à la réalisation, l’artiste qui a fait son retour dans le neuvième art il y a peu s’est naturellement tourné vers son ami avec lequel ils avaient imaginé par le passé une collaboration.
Ils se sont rappelés le voyage en Guyane qu’ils avaient fait ensemble il y a une vingtaine d’années. C’est ce périple durant lequel ils ont navigué sur les fleuves en pirogue qui a servi de matière première à un récit addictif.
L’auteur a choisi le Brésil pour situer son épopée et les années 70, les moyens de communication modernes étaient encore balbutiants et les travaux de la Transsibérienne battaient leur plein.
Il nous invite dans une aventure exaltante posant avec ce premier volet intitulé Isabel une double intrigue tout à fait passionnante. Max est un jeune homme naïf et sympathique qui enquête pour retrouver des hommes figurant sur deux photographies jaunies.Il tente de les identifier tout en espérant retrouver son père.
Ce sont également les péripéties de deux lesbiennes venues rejoindre une amie et assurer la relève d’un dispensaire.
Dans un cas comme dans l’autre il s’agit de personnes pleines de bons sentiments. Elles sont plongées dans un monde impitoyable et violent, un far ouest moderne ou sévissent tous les trafics.
Ce sont les relations entre les personnages plus que le contexte historique que le scénariste met en avant. Ses acteurs magnifiquement caractérisés sont bousculés par les événements; Les femmes qu’il met en scène se serrent les coudes, apportent le moteur de l’histoire et beaucoup d’humanité, une réponse positive face à l’adversité. Il truffe son histoire d’anecdotes amusantes dont il a le secret.
Olivier Pont s’est chargé du découpage et du dessin.
Pendant 18 mois, il a mis en image un scénario construit page après page réalisant de nombreux réajustements Il apporte un traitement très cinématographique, des cadrages et des profondeurs de champ subtils et inspirés.
Ses illustrations traditionnelles réalisées au pinceau et à l’encre de Chine apportent un souffle épique à la narration, beaucoup d’élégance et quelques moments de grâce.
Le coloriste a réalisé une belle prestation, nous en mettant plein les yeux avec ses mises en volume et sa maîtrise des ombres portées.
Au final, Isabel est un opus liminaire convaincant, prometteur et captivant. Les artistes sont parvenus à mettre à profit leurs expériences, leurs exigences pour réaliser un album qui sonne juste.
Ils ont créé un équilibre, acceptant chacun de « mettre leur égo de côté », intervenant naturellement dans le domaine de l’autre.
Le résultat est à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer, un joli cocktail et une belle combinaison des qualités des deux bédéistes.
Il va falloir maintenant falloir tenir bon et attendre le suite prévue pour fin 2020 si tout va bien.
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