NEW GODS T1: La chute des cieux

Je n’ai pas une connaissance exponentielle des univers cosmiques. J’ai lu certains classiques comme Le Gant de l’Infini et ses suites, des épisodes de Thor ou Fantastic Four sans oublier le Silver Surfer : Parabole de Moebius. Puis je tombe sur la relance des New Gods de Jack Kirby par Ram V et Evan Cagle, les responsables du démentiel Dawnrunner. Après réflexion, ce blockbuster des éditions Urban Comics mérite que l’on approfondisse le sujet à propos d’une des séries les plus délirantes du King du comic-book.

La mort du tyran Darkseid résonne comme un Big Bang sur l’ensemble de la galaxie. Le devin Métron en ressent les effets jusqu’aux frontières de la source, le lieu où viennent s’éteindre les divinités.

L’entente sacrée des forces en présence est brusquement rompue, une prophétie annonce le Ragnarök. La naissance d’un Néo-Dieu sur Terre lors d’un immense embrasement rayera la lignée céleste et rétablira l’équilibre universel.

Haut-Père, le monarque bienveillant de la planète utopique New Genesis, s’y oppose. Il souhaite que son règne perdure à jamais, le souverain ordonne donc à son fils Orion de débusquer et tuer le messie.

À Glendale en Californie, Le champion de l’évasion Mister Miracle et sa compagne Big Barda sont mobilisés à leur tour pour sauver l’enfant providentiel.

L’issue est inéluctable, ces pseudo-immortels atteignent le terminus existentiel. Quel camp causera l’extinction de l’autre ? Les vertueux ou les idoles ?

Ram V puise ses idées au cœur d’une fontaine inégalée de concepts fous afin de se fondre dans l’esprit de Jack Kirby avec le respect qui s’impose. Il remastérise les aventures de héros populaires et optimistes typiquement représentatives de l’émulation créative des années 60/70. L’auteur possède l’art de savoir raconter une histoire captivante parfois complexe à l’aide d’un style résolument personnel et d’un éventail immense de ressorts dramatiques. Ce space opera fascine par sa mythologie, le lecteur embarque pour une quête faustienne déguisée en récit mainstream. Le titre aborde de nombreux thèmes tels que l’altruisme, la tentation du mal, la morale, la dualité ou la paranoïa. L’intrigue dégage un doux parfum rétro-futuriste, la pop-culture version Ram V accède à une ère de science-fiction new wave moderne et surtout brillante.

Evan Cagle déploie un talent Kirby-esque incroyable sur chacune de ses planches, il est littéralement possédé par sa composition. Le dessinateur opte pour une mise en page osée et survoltée, il emploie un trait sculpté transpirant de puissance. Son story-telling est stupéfiant, énergique, dynamique etc. Les personnages dégagent un charme cinétique dingue. Cagle s’éclate par l’utilisation de pleines-pages percutantes, de cadres démesurés, d’une profondeur de champ vertigineuse sans oublier de fignoler les arrière-plans avec soin. L’encrage appliqué mais renforcé consolide le crayonné «monolithique» avec une élégance innée tandis que Francesco Segala accentue l’impact visuel grâce à une colorisation luxueuse voire mouvante. Notre duo d’artistes rend un hommage posthume au gigantisme décoratif du patriarche de la bande dessinée américaine.

Mention spéciale pour leur interprétation de L’Homme d’acier croqué de manière parfaite et angélique.

Jorge Fornés, Jesse Lonergan, Riccardo Federici, Bernard Chang, Andrew MacLean, Filipe Andrade participent au féérique spectacle son et lumière pour clôturer une lecture de l’ouvrage en beauté.

Cette chute des cieux orchestrée par Ram V et son compère Evan Cagle chez Urban Comics est une météorite narrative, illustrative prédisant un enterrement de première classe au Quatrième Monde de DC Comics.

Chronique de Vincent Lapalus.


© Urban Comics, 2025.

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