Prenez des dessins magnifiques signés Giovanni Lorusso et excellemment mis en couleurs par Olivier Héban, ajoutez un scénario hyper bien ficelé et très prometteur du duo Jean-Luc Istin et Sylvain Cordurié, et vous obtenez « Thoorak », le premier tome de « La confrérie des tempêtes », nouvelle série de cinq one-shot, éditée chez Oxymore (à noter qu’une seconde saison est déjà dans les tuyaux puisqu’à l’issue de ce premier opus, l’auteur nous avertit que l’on retrouvera les personnages principaux de ce volume dans un sixième tome… !).
Ainsi donc, après avoir été happée par la couverture très engageante de cet album, j’ai fait la connaissance du monde d’Arathéon, ensemble d’îles plus ou moins vastes, aux patronymes marqués par des consonances celtes et vikings et fleurant bon le rhum et l’eau de mer. L’océan y est omniprésent et cœur de luttes opiniâtres : en Arathéon, qui possède les routes maritimes, possède le pouvoir. C’est dans cet univers que l’on suit Agora, jeune fille soumise aux éléments comme à sa destinée. Sur sa route, un pendentif, un orc couvert de runes tatouées, la Lanterne, vaisseau de flibustiers mené par l’odieux capitaine Blackthorn, de la magie à tendance sérieusement nécromantique, des enjeux politiques enchevêtrés en toile de fond, et beaucoup, beaucoup, beaucoup d’envies vengeresses ! La damoiselle n’est pas du genre à se laisser faire. Ça dépote du début à la fin, un rythme de narration enlevé, des traitrises et faux-semblants à qui mieux-mieux, des cartouches placés idéalement pour une compréhension idoine, le tout servi par une illustration brillante et une mise en page dense, et pourtant claire et cohérente.
Le dessinateur donne corps avec brio à cet univers constitué de personnages de différentes espèces aux tenues très ouvragées, de décors d’inspiration médiévale faits de ruelles pavées grouillantes, de maisons à colombages et enseignes de bois, de tavernes malfamées, de ports fourmillant d’activités et de trois-mâts aux voiles gonflées de vent… La mer sous toutes ses formes, d’huile, tempétueuse, écumante… est rendue avec justesse. Un dessin réaliste ultra détaillé pour une immersion parfaite. Le travail de colorisation parfait l’encrage par une composition et un équilibre idéal de l’usage des rouges sombres, des bleus et des bruns… ; il répond parfaitement à l’étrange paradoxe du travail de coloriste : quand il est bien réalisé, on ne le voit plus ! Une vraie réussite !
À la confluence du roman de piraterie et de la quête d’héroïc fantasy, ce premier tome a posé les premiers jalons d’un nouveau monde plein de promesses d’aventures. Une bien belle découverte dont je vous conseille forcément la lecture…
Chronique de Louna Angèle.

© Oxymore, 2025.