The Moon Is Following Us

Être parents, c’est une histoire d’amour inconditionnel envers son enfant qui ne prend fin qu’à l’heure du trépas. Face à l’adversité, eux sont capables de se battre comme une meute de lions féroces sans jamais baisser les bras. The Moon Is Following Us de Daniel Warren Johnson, Riley Rossmo et Mike Spicer aux éditions Urban Comics inscrit les géniteurs au Panthéon de véritables sauveurs.

Penny six ans, est une pile électrique infatigable. Son papa Duncan et sa maman Samantha lui ont érigé un cocon familial débordant d’affection. Un soir, elle s’endort paisiblement puis vint à sombrer dans un cycle de sommeil perpétuel sans espoir d’un quelconque réveil.

La médecine moderne ne possède aucun traitement ou protocole de guérison, Dun et Sam sont désemparés.

Un vieil ermite étrange du nom de Tash Severin se présente à eux en leur expliquant que la fillette est piégée à l’intérieur même du Songe et qu’elle serait sous l’emprise de «La Cascade», une entité maléfique.

Tash a mis au point une machine fusionnant technologie et magie capable de les glisser au cœur de la psyché de Penny.

Le couple est déterminé à récupérer ces précieux 21 grammes d’âme humaine qui constituent leur fille quitte à organiser une expédition kamikaze voire à dégringoler dans les limbes de la léthargie.

Les époux affronteront les mauvais génies de ce Styx imaginaire, ils ne voyageront pas seuls car ils traînent dans leur sillage leurs propres démons.

Ne dit-on pas que celui qui rêve mais n’agit pas cultive le cauchemar ?

The Moon Is Following Us est la nouvelle bombe chimérique concoctée par le fils prodige du comic-book, Daniel Warren Johnson. L’auteur crée un univers sophistiqué loin d’être enfantin. Il nous invite à un voyage interdimensionnel métaphysique peuplé de souvenirs, jouets et doudous ne demandant qu’à passer à l’action. Un récit où s’entrechoquent illusion, tourment et réalité. Le scénariste se livre à cœur ouvert sur des sujets tels que la parentalité ou la force du lien sensoriel sur fond d’odyssée lyrique. Cette aventure utopique est une célébration ingénieuse à la sensibilité et à l’optimisme. Nous ressentons l’émotion des personnages de manière intime, l’histoire se constelle de scènes poignantes au fur et à mesure de la lecture. DWJ s’impose comme un explorateur humaniste du subconscient et de l’inconscient afin d’exprimer des idées fortes.

Daniel Warren Johnson accompagné de Riley Rossmo se partagent la mise en page, leurs pattes graphiques distinctes s’entremêlent pour bâtir une narration visuelle à la fois complexe et d’un naturel déconcertant. Daniel Warren Johnson utilise un tracé nerveux rehaussé d’un encrage adipeux lors des séquences terre-à-terre tandis que Riley Rossmo recourt à un trait agile ainsi qu’à un passage au noir élégant pour l’aspect fantasmagorique. La technique du crayonné varié joue la carte de la complémentarité, le réalisme cru et le délire visuel se lovent jusqu’à l’infini. Le découpage virevolte grâce à des cases hyper-dynamiques. Mike Spicer exauce nos vœux en changeant son style de colorisation en fonction du contenu, il confectionne un habillage nuancé pittoresque et molletonneux du plus bel effet. Cette Dream Team artistique surfe sur la vague de l’exaltation picturale.

Pas la peine d’y aller par quatre chemins, The Moon Is Following Us est mon nouveau coup de cœur dévastateur et rédactionnel en comics.

Chronique de Vincent Lapalus.


© Urban Comics, 2025.

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