Les Soeurs Seasons T1

Comment pourrait-on qualifier Les Sœurs Seasons T1 de Rick Remender, Paul Azaceta et Matheus Lopes aux éditions Urban Comics ? C’est un O.L.N.I. Mais qu’est-ce qu’un O.N.L.I. me direz-vous ? Comme son cousin l’O.V.N.I., c’est un Objet Littéraire Non Identifié (allez vérifier sur Gougle, je n’invente rien). Un ouvrage bizarre, un imprimé inclassable tant par sa forme que par ses personnages. Un genre non répertorié au ton décalé où l’abracadabrantesque se joint au loufoque. Dubitatifs, perplexes ? Ne soyez pas récalcitrants !

Le lieu ? La Nouvelle Gaule qu’il est d’ailleurs impossible de situer sur une carte avec précision.

L’époque ? La troisième décennie du siècle dernier mais sans grande conviction, aucun téléphone ou ordinateur portable à l’horizon.

Maintenant, imaginez un monde où Indiana Jones et Marion Ravenwood auraient eu autant de filles que le célèbre Dr March, que notre couple d’explorateurs philanthropes filerait à l’anglaise pour voguer vers l’aventure. Seulement voilà, ils se seraient volatilisés laissant dans leur sillage quatre orphelines dont les prénoms sont des saisons.

Spring est la plus jeune de la fratrie, c’est une poissarde ambulante provoquant les catastrophes à la chaine mais elle est aussi déterminée qu’attachante. «L’ouragan printanier» vit dans la résidence familiale sous la tutelle de Winter. Cette gothique torturée passe ses journées à peindre des croutes sans succès et démoralise son entourage dès qu’elle ouvre la bouche. Un comble !

Spring reçoit une lettre d’Autumn, son intrépide journaliste de sœur. La missive la met en garde contre un cirque diabolique ayant un rapport avec la légende du Roi Vagabond et une série de disparations suspectes.

Manque de bol, la troupe de saltimbanques s’est installée en ville. Le chapiteau est infesté d’esprits démoniaques alors attention de ne pas tomber sous la malédiction du miroir aux alouettes qui par ailleurs, a plongé le Néo-Caire dans une ère de ténèbres. Fatalement, la bien nommée Summer en est l’invitée d’honneur…

Auteur à l’imagination foisonnante, Rick Remender lance une nouvelle création personnelle légère et amusante dont le méli-mélo conceptuel succulent est nimbé de mystère surnaturel. Il se libère de toute contrainte sans frein ni mesure afin de donner vie à des idées originales. L’histoire prend forme au sein du cadre dingue des univers parallèles. Remender n’oublie jamais de placer ses protagonistes au cœur de l’intrigue, il les projette au devant de choix cornéliens et autres situations surréalistes voire grotesques. Ses Sœurs Seasons se positionnent à la croisée des chemins du comic-book dit atypique.

Paul Azaceta accompagné de Matheus Lopes offre au lecteur un dessin lorgnant du côté de la ligne claire. Le crayonné est clean, le style épuré est riche en scènes minimalistes. L’illustrateur maintient un certain flou artistique oscillant entre objets curieusement anachroniques, années 30 fantasmées et architecture européenne. Le trait au noir est d’épaisseur régulière, le storytelling est impeccable et fluide. Matheus Lopes fignole les planches à l’aide d’une colorisation brillante et surtout pétillante, il utilise une gamme de pigmentations acidulées très pop. On baigne dans une atmosphère onirique et sensuelle.

Au final, cette association de talents incroyables fait mouche en nous remémorant nos lectures d’antan et cet appel à la soif dévorante reliée.

Chronique de Vincent Lapalus.


© Urban Comics, 2025.

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