La couverture est déjà une invitation à poser ses bagages, atterrir, ralentir, comme Juliette. Dessinée assise sur l’herbe au premier plan, cette jeune femme semble très sereine, les yeux tournés vers l’avenir. Le décor est somptueux : un village préservé, perché sur sa colline, ceinturé par un paysage cultivé et arboré ; et au loin des montagnes illuminées par une douce lumière. La vallée du vivant, aux éditions Grand Angle, nous amène au cœur de la vallée de la Drôme, au côté d’une publicitaire en quête de sens sur sa vie et de réponses sur celle de son père. Le scénariste Fabien Rodhain, auteur engagé en faveur du vivant, nous propose un voyage qui va s’avérer riche en belles rencontres, humaines et animales. La dessinatrice Alicia Grande, qui a fait ses débuts en France avec le diptyque « Retour de flammes » (scénario de Laurent Galandon), nous offre un trait sûr et détaillé. Les planches, vivantes et dynamiques, sont colorisées avec soin par Tanja Wenish. En résumé, le trio d’auteurs s’est très bien trouvé ! Un récit qui interroge et fait surtout du bien, à la découverte d’un territoire ressourçant, en transition – à partir de 12 ans.
Juliette est représentative de beaucoup de jeunes de sa génération : même si elle n’est pas vraiment épanouie dans son travail, elle se donne à fond et s’investit, d’autant plus que son chef est son compagnon. Cette proximité n’est pas forcément gage d’une relation d’écoute mutuelle. Thomas a du mal à comprendre son éco-anxiété. Quand son père décède, la jeune femme découvre avec horreur des lettres d’amour, qui explique les absences régulières qu’il avait quand elle avait 10 ans. Elle décide de partir enquêter dans le Diois. Un tampon sur la lettre porte la mention « Semaine de l’écologie ». Et Juliette découvre petit à petit la « biovallée », grâce à l’hospitalité d’un couple. Leur credo, soigner les trois écologies : environnementale, sociale et personnelle. Avec du chèvre frais, des ravioles, et un abricot poché au miel et romarin, ça rend tout de suite le principe plus concret ! Elle va aussi faire connaissance avec de charmantes personnes, qui vont l’aider à prendre du recul sur son rythme effréné, sur une vie qui peut être plus ancrée à la nature… Les baignades dans la Drôme et les ateliers pour s’écouter, on y prend goût ! Finalement, notre protagoniste pourrait trouver plus que des réponses à ses questions, plutôt une nouvelle philosophie de vie !
L’album est graphiquement très bien réalisé, d’un trait moderne et expressif. Les émotions se bousculent sur le visage de Juliette, qui a de nombreuses occasions d’être saisie par la colère, la désillusion, mais surtout la surprise, et de déborder de joie. Les ombres sont douces sous le soleil du sud-est de la France, les nuits constellées d’étoiles. Au coin du feu et avec un joueur de flûte, cela devient carrément magique et envoûtant ! Le voyage est rythmé, les escales valent le détour, par monts et par vaux. Si les troupeaux sont bien visibles, les animaux sauvages ne sont pas bien loin, et feront facilement oublier le téléphone portable… Les informations sur les actions locales sont subtilement distillées au fil d’une intrigue bien tenue. Quand au paisible Maxime, chevalier à pétrolette qui viendra à la rescousse de notre parisienne, il est tout a fait charmant avec son grand sourire, ses rastas et sa barbichette !
Le message est clair au fil des pages : ne pas s’interdire de vivre ses rêves, et, pourquoi pas, contribuer à son échelle à ce que les territoires en transition se multiplient ! Alors, foncez !
Chronique de Mélanie Huguet – Friedel.
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