Le cœur en braille – Trois ans avant,

Avez-vous déjà ressenti, lorsque vous commencez un ouvrage, que celui-ci va vous briser le cœur ? Le mien s’était rompu au terme du premier volet de l’adaptation en BD par Joris Chamblain et Anne-Lise Nalin du roman de Pascal Ruter Le cœur en braille et aujourd’hui, cela se reproduit avec le second volume Le cœur en braille – Trois ans avant, confectionné une nouvelle fois par Dargaud.

Par un temps hivernal, Victor se rend en classe. Sur le chemin, rêveur, il voit arriver sa maîtresse, Madame Bonjour. Quand on porte un nom aussi mélodieux, la journée ne peut être qu’engageante. Cette année, elle a prévu de monter une pièce avec ses élèves et de la jouer en public à la fin du programme scolaire. Son choix s’est porté sur un écrit d’Aristophane, « Les oiseaux », une comédie grecque antique. Les rôles sont répartis et les répétitions peuvent commencer.

Si l’école est un lieu d’amusement, chez lui le climat est parfois pesant. Des tensions ont surgi entre ses parents. Son papa de caractère désinvolte agace sa mère inflexible. L’arrivée de l’oncle Zak n’arrange rien à l’atmosphère malaisante. Sa personnalité fantaisiste et l’influence qu’il a sur son mari, ne sont pas du goût de sa maman. Pour couronner le tout, sa tante « simplette » met son grain de sel.

L’emménagement de Julie dans son quartier va égailler cette période morose. Un peu plus âgée que lui, ils se lient d’amitié. La jeune fille, sociable, garde en elle une grande blessure. Le préado, erre entre les tourments familiaux et les soucis médicaux de son meilleur ami Léo. Victor et Julie sont réconfortés d’avoir trouvé une épaule accueillante pour se reposer. Il est évident que leur complicité les aidera à passer le cap des épreuves à venir.

Joris Chamblain, je l’ai découvert au côté d’Aurélie Neyret avec Les carnets de Cerise, série qui a vu le jour il y a tout juste treize ans. Des récits passionnants, inspirants, percutants ou drôles et toujours bienveillants. Le scénariste sait s’entourer de dessinatrices de grand talent : Lucie Thibaudier, Sandrine Goalec et bien sûr, Anne-Lise Nalin. Le trait de cette artiste est agréablement accrocheur et le mariage des teintes dont elle use pour élaborer ses planches est un mélange harmonieux entre flamme et volupté. En 2017, j’ai eu un énorme coup de cœur pour le Journal d’un enfant lune, réalisé par le même binôme. Une histoire touchante sur le xeroderma pigmentosum traité avec originalité et embelli par des illustrations magnifiques.

On affirme fréquemment « jamais deux sans trois ». Je déclare sans détour qu’il me tarde de ressortir mes mouchoirs pour la suite, Le cœur en braille – quatre ans après !

Chronique de Nathalie Bétrix


© Dargaud, 2025.

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