Jason Aaron débarque sur TMNT. L’arrivée de ce spécialiste du récit crapuleux secoue d’emblée l’aquarium de la franchise multimédia. Teenage Mutant Ninja Turtles T1 – Retour à New-York chez HiComics fissure la carapace. Notre célèbre quatuor passe en mode «dur à cuire».
C’est la bérézina pour nos chevaliers d’écaille, ils nagent en pleine déconfiture !
Raph a atterri au pénitencier de San Quentin. Emprisonné avec les pires ordures criminelles, il trompe l’ennui en fracassant le crâne de n’importe quel taulard qui lui cherche des crosses.
Mickey est devenu le petit Prince de Tokyo, la vedette de la meilleure série du Japon. Il est adulé, fashion et pique parfois des caprices de star.
Quant à Léo, il a trouvé la sérénité au nord de l’Inde. Le leader de la team ninjutsu s’octroie une retraite yoga et méditation bien méritée mais un ennemi invisible vient jouer les trouble-fêtes.
Donnie est enfermé dans un refuge pour animaux mutés dans le sud profond des États-Unis. Les culs-terreux qui lui servent de gentils gardiens organisent des safaris sauvages pour s’éclater. Évidemment, les locataires y participent activement sinon ce ne serait pas marrant. Ces parties de chasse attirent les riches mécènes. Donatello espère s’évader un jour afin d’augmenter ses chances de survie.
Leur allié Casey Jones s’est mangé une bastos lors d’une altercation, il effectue un p’tit stage intensif en réanimation. Heureusement, April O’Neil veille à son chevet.
Les quatre frangins étant hors-jeux, Karai et le clan du Foot s’acoquinent avec un politicien véreux de Manhattan. Ils doivent impérativement enterrer la hache de guerre et revenir à Big Apple car la ville qui ne dort jamais a un besoin urgent de ses guerriers de la nuit.
Mouais… c’est mal barré et ça sent le pâté !
Jason Aaron aiguise ses saïs et revient aux fondamentaux avec les créations du duo Kevin Eastman/Peter Laird. Sous son clavier, le récit d’action sent le doux parfum des relents d’égouts. Il orchestre un come-back violent aux bastons à ciel ouvert ainsi qu’à l’atmosphère crade des débuts. Chaque chapitre est dédié à un personnage précis. Force est de constater que l’auteur est sans pitié avec son casting et ne lui épargne aucune calamité, les protagonistes ne connaissent aucun répit. Son écriture rugueuse les catapulte souvent au cœur de situations brutales, ce titre anthropomorphique reflète la condition humaine au sein d’un univers pessimiste ambiant très contemporain. Jason Aaron emprunte la voie du bushido à l’aide d’un ton fiévreux, les reptiles gagnent leurs galons de samouraïs freaks. Sa vision du héros est simple, il agit sans rien attendre des autres.
Joëlle Jones, Rafael Albuquerque, Cliff Chiang, Chris Burnham, Darick Robertson et Juan Ferreyra se relaient à la mise en page avec la régularité d’un métronome. Tantôt, le crayonné clair laisse sa place à la ligne arrondie. Puis à un autre moment, le trait épuré cède le pas à l’esquisse sale et hachurée. Ce melting-pot de styles cosmopolites est des plus réussis et efficaces. Chacun des artistes signe une composition bluffante regorgeant de détails, leur encrage précis se marie harmonieusement aux effets d’ombre et de modelé souhaités. Le découpage se met au service du script grâce à l’emploi astucieux de cases verticales ou horizontales, cadrages serrés et divers plans larges. La combinaison parfaite de la maîtrise du rythme au service de l’interprétation scénaristique. Ronda Pattison, Marcelo Maiolo, Brian Reber et Tony Aviña proposent une colorisation aussi esthétique que furtive voire ostentatoire lors de certaines séquences. Les teintes abordent une approche directe et franche à grands renforts d’aplats de couleurs. Le contenant est à la hauteur du contenu, l’illustration crève la planche.
Cette relance inédite et nerveuse imaginée par le boss du badass Jason Aaron prouve que nos amphibiens préférés sont un véritable phénomène pop-culturel-intemporel. HiComics annonce les sorties de The Last Ronin T2 : Re-Evolution et Les Tortues Ninja Reborn T5. Parés pour une nouvelle déferlante de nouveautés ? Cowabunga les gars !
Chronique de Vincent Lapalus.


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