Superman : Supergirl

Lors de Crisis on Infinite Earths, elle s’est sacrifiée pour sauver le multivers. Presque vingt ans plus tard, Jeph Loeb en compagnie de Michael Turner et Peter Steigerwald orchestre son grand retour au sein de l’univers DC. Urban Comics en partenariat avec la Fnac réédite ce joyau mainstream qu’est Superman : Supergirl, sa renaissance prend une ampleur que personne ne soupçonnait.

Quelque-chose s’est écrasé dans la baie de Gotham City, ce n’est pas une météorite comme on l’imagine mais un vaisseau. Présent sur les lieux, Batman drague le fond du port à la recherche d’indices. Son occupante remonte à la surface et s’empare du batboat en l’envoyant s’écraser sur le quai dans une violente déflagration.

La jeune femme possède une force herculéenne, les balles lui ricochent dessus et peut détruire un immeuble d’une légère pichenette. Le soleil jaune lui confère des pouvoirs identiques à ceux de L’Homme d’acier, les catastrophes risquent de s’enchainer crescendo.

Le Chevalier Noir tente un premier contact sans résultat, notre «Jane Doe» de l’espace est désorientée. Comment arrêter un individu qui est en capacité de soulever des montagnes ?

Superman surgit et rétablit le calme au milieu de cette tempête urbaine. Il s’agirait de Kara Zor-El, un membre de sa famille. Comme Kal-El, ses parents l’envoyèrent sur Terre à bord d’une fusée pour la sauver de l’explosion qui menaçait Krypton. Hélas, elle dériva dans le vide intersidéral pendant des décennies avant de s’échouer sur notre planète.

Batman demeure sur ses gardes. Pour lui, l’irruption de cette cousine venue des étoiles est un signe qui présage un danger imminent. Après tout, ses intentions restent mystérieuses.

Sur Apokolips, la venue de Supergirl attise les convoitises de Darkseid. Elle serait un atout majeur pour commander son armée de Furies. Ce seigneur malfaisant ne vit que pour la manipulation. Il peut faire appel à la magie, Darkseid détient hypnotiseurs et scientifiques dont la seule fonction est de briser les esprits afin de les soumettre.

Au moment de leur face-à-face, Kara Zor-El résistera-t-elle à l’appel du côté obscur ? Le doute subsiste !

Jeph Loeb rédige un récit super-héroïque qui démarre de facture classique pour s’orienter rapidement vers le péplum cosmique. La fraîcheur scénaristique naît du retour aux sources à un comic-book populaire, divertissant en y injectant une dose massive de magie et de merveilleux. C’est un conteur prolifique et doué pour raconter des histoires sensationnelles. La sainte trinité est sous les feux des projecteurs. Loeb gravite autour de l’univers luxuriant de la Ligue de Justice et des New Gods mis à sa disposition, l’intrigue se déploie telle une odyssée ambitieuse peuplée de demi-dieux et d’amazones sexy. Il met en avant la psychologie de ses nombreuses têtes d’affiche, leur amitié adopte une toute autre dimension par le biais de dialogues et cases de pensées taillés sur mesure. Le tempérament positif de Clark n’aura de cesse de se heurter à l’intellect cartésien de Bruce. En définitive, les combats sont épiques à de multiples niveaux. Cette réinterprétation de la krytonienne promet son lot de révélations voire un dénouement apocalyptique.

Le regretté Michael Turner et Peter Steigerwald sont les véritables maîtres d’œuvre sur cet album. Ils revitalisent ces icônes de papier grâce à un regard neuf, les artistes réalisent des pages grandioses. Le character design masculin se taille dans le marbre tandis que les personnages féminins dégagent une sensualité à se damner. Le dessin de Turner est élégant. L’illustrateur insuffle de la démesure à ses planches dans un souci de précision, il en va de même concernant les arrière-plans. Son style hyperréaliste, clair et sophistiqué s’enrichit d’une énorme puissance émotionnelle. La spécialité du chef est le montage cinématographique. Les vignettes explosent les délimitations, Turner croque des scènes d’action à couper le souffle. L’encrage adopte une approche minimaliste, les contours sont sertis d’un simple trait au noir fin. Peter Steigerwald pousse Photoshop dans ces derniers retranchements en transfusant un plasma incandescent aux crayonnés de son partenaire. Il utilise un large spectre de couleurs ardentes pour donner du corps à l’esquisse. Seigerwald atteint les sommets du lyrisme pictural intense, l’impact visuel décolle la rétine !

Il y a bien longtemps de cela à la vue de mon âge canonique, la découverte de Superman – Supergirl m’avait laissé le souvenir d’une lecture captivante. En 2025, je constate que cette saga n’a rien perdu de son attrait ni de son charme.

Chronique de Vincent Lapalus.


© Urban Comics, 2025.

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