L’amourante

Pierre Alexandrine n’était pas prédestiné à devenir auteur de bande dessinée. Il étudie les sciences politiques, puis devient journaliste. Si dans ses jeunes années, il avait caressé l’idée de faire de la BD, celle-ci avait été mise au placard. C’est en 2017 qu’il découvre Le sommet des dieux de Jirô Taniguchi et quela petite flamme renaît. L’amourante, aux éditions Glénat, est sa première réalisation.

A Paris, dans un appartement prestigieux, décoré avec soin, Louise, notre héroïne, a pris ses quartiers. Elle se prélasse sur son canapé devant une série, lorsque quelqu’un sonne au bas de l’immeuble. Pas très motivée, elle se déplace malgré tout jusqu’à sa porte afin de savoir qui vient l’importuner. C’est Zayn, sa dernière conquête. Par le biais de l’interphone, il lui demande pourquoi elle ne donne plus de ses nouvelles. Agacée, elle l’invite malgré tout à monter cinq minutes. Si en premier lieu les explications de la demoiselle ne le convainquent pas et qu’il a l’impression qu’elle le prend pour un imbécile, à force, il est obligé d’admettre la vérité. Bien que Louise rechigne à tout lui divulguer, elle finit par céder. Ce qui va suivre a de quoi surprendre !

Comment réagiriez-vous si la personne que vous convoitez vous annonçait que malgré son apparence, elle est née il y a 600 ans ? Moi, j’avoue, je lui rirais au nez ou la traiterais de cinglée. Peut-être qu’au bout d’un moment je l’écouterai et finirai par la croire. Zayn est passé par toutes ces étapes en y ajoutant la colère. La damoiselle a clairement un parcours inouï et peu commun.

Elle n’a guère de souvenirs de son enfance qu’elle a vécue auprès d’une famille sans le sou. A 17 ans, on la marie à un gars du village. Si ce n’est pas son grand amour, il a le mérite d’être gentil et de l’aimer. Cependant, très vite, les villageois commencent à jaser. La jouvencelle ne tombe pas enceinte. S’il n’y avait que son infertilité ça irait encore, quoique, le plus étrange est que le temps qui s’écoule ne l’affecte pas physiquement. Lorsque son mari meurt à la suite d’un tragique accident, elle en profite pour quitter le bourg. A partir de ce jour démarre la plus invraisemblable ou devrai-je dire improbable destinée.

Vous l’aurez compris, pour avoir traversé autant d’époques, notre dulcinée cache un mystérieux secret. Elle a reçu un don à sa naissance, mais est-ce vraiment une bénédiction d’être immortelle ? Quand on reçoit un cadeau gratuitement, il y a forcément anguille sous roche. S’il n’y a rien d’écrit en petits caractères au bas du contrat, il y a malgré tout un truc qui cloche. Louise va s’en apercevoir lorsqu’elle croise le chemin de Dame Eleanor. Cette belle aristocrate la sort du bordel où elle fait la putain et lui enseigne comment ne pas vieillir et rester en vie. Les conditions sont toutes bêtes : être aimée sans relâche et ne jamais s’enticher de qui que ce soit sous peine de se mettre à décliner. Les deux femmes vont traverser les siècles, jusqu’au jour fatidique où leurs croyances ne sont plus compatibles…

L’amourante est une œuvre incroyable et originale que l’on dévore sans interruption. Le graphisme peut sembler léger et manquer de détails, pourtant, je peux vous assurer que chaque planche demande une attention toute particulière. Une fois plongé dans l’atmosphère captivante du récit, il prend de l’ampleur et, comme une fleur qui se déploie, nous offre sa plus belle ramure.

Si vous avez approuvé Peau d’homme d’Hubert et Zanzim ou Le voleur d’amour de Yannick Corboz, vous allez adorer L’amourante. Une chose est évidente, les éditions Glénat ont du nez pour nous dégotter des histoires passionnantes et passionnées qui nous pulvérisent le cœur de la même manière que le carreau de Cupidon !

Chronique de Nathalie Bétrix


© Glénat, 2025.

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