Après avoir accompli des merveilles sur Nightwing Infinite, Tom Taylor se voit confier les rênes du Caped Crusader accompagné de Mikel Janín. Batman Ghosts of Gotham T1 – Clémence et châtiment jaillit aux éditions Urban Comics, le Dark Knight retrouve son ADN de détective dans une sombre enquête de meurtres sur des adolescents.
Gotham City est en proie à la panique. Un serial killer s’abat sur de jeunes délinquants, les dépouilles sont laissées comme des détritus près d’une poubelle. Aucun signe de lutte, l’assaillant utilise un anesthésiant puissant et vide ses proies de leur sang.
Batman s’intéresse à ce balai morbide, les victimes partagent comme unique point commun d’avoir fréquenté le Centre de détention pour mineurs Faultless.
Un véritable démon rôde dans l’ombre et plonge cette jungle urbaine au cœur des ténèbres profondes, le clown prince du crime a trouvé un concurrent sérieux qui n’a pas froid aux yeux. La Bat-Family est mobilisée afin de protéger de potentielles cibles des agissements du détraqué.
Hélas, le justicier ressent le poids des années. Son esprit est toujours aussi combatif mais sa forme physique décline.
Bruce Wayne trouvera son salut lors d’un gala. Il renoue des liens avec Scarlett Scott, une «vieille» connaissance. Grâce aux progrès scientifiques et technologiques, la chercheuse lui propose de se soumettre à un traitement expérimental. Elle a élaboré le Sangreal (Saint Graal), un élixir miraculeux administré par intraveineuse.
En pleine possession de ses moyens, Le Chevalier Noir va de nouveau pouvoir s’adonner aux joies de la traque.
De leur vivant, Thomas et Martha Wayne finançaient des établissements de redressements juvéniles. Leur fils en fait une affaire personnelle.
L’australien Tom Taylor se voit attribuer le comic-book par excellence en prenant la relève de Ram V sur Detective Comics, l’auteur signe une intrigue étouffante mêlant la dualité au transhumanisme. Il imagine une investigation menée conjointement entre le multimilliardaire et son alter-égo masqué. Taylor échafaude un récit solide où le suspense côtoie l’interprétation opaque, les rebondissements sont légion. Il anime un casting de personnages conséquent et en profite au passage pour étoffer la galerie de super-vilains en créant son propre freak, les dialogues résonnent aux doux chants de l’action. En excellent dramaturge, Tom Taylor déborde d’idées et bouscule la narration en revisitant la continuité classique du mythe.
Mikel Janín assure la quasi-totalité de la partie graphique. Il croque une mise en scène formelle malgré la teneur horrifique de la thématique, l’espagnol est un artiste autant méticuleux que fulgurant. Le trait fin allié à l’utilisation de noirs évocateurs sublime une esthétique magnétique. Son sens inné du cadrage ainsi que l’habileté du mouvement s’harmonisent à la musicalité d’un séquençage hétéroclite, les perspectives et l’architecture s’exécutent avec maestria. Quant à la colorisation, elle maintient une atmosphère glauque à l’aide d’une palette riche oscillant entre intensité numérique et climax anxiogène. Certaines nuances aiment se diluer au milieu de la pénombre, l’illustration made in et Mikel Janín embellit le texte.
Cette relance palpitante orchestrée par une équipe inédite est la porte d’entrée idéale dans l’univers de la chauve-souris, Ghosts of Gotham d’Urban Comics augure une ère créative de grande envergure. Le constat est sans appel, DC Comics s’impose indubitablement comme l’un des acteurs majeurs de la bande dessinée américaine.
Chronique de Vincent Lapalus.

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