Alors que les températures invitent à rester au frais, rien de tel que de se plonger dans une grande aventure à travers l’ouest américain. Jack London, auteur de Croc Blanc, était un maître en la matière. Après une enfance difficile, il avait puisé son inspiration lors d’un voyage vers le grand Nord, écrivant des histoires riches en rebondissements, dans des paysages dépaysants. Il savait aussi nous parler avec justesse de la condition animale comme de la condition humaine. L’appel de la forêt, publié en 1902, est son premier succès. Maxe Lhermenier, qui a une appétence certaine concernant les histoires pour enfants (Les petites filles modèles, la belle et la bête…) et Thomas Labourot, qui sait nous embarquer dans des genres très variés (fantastique, SF, policier ou drôle, avec la série Les geeks), ont choisi d’en faire une très belle adaptation jeunesse, aux éditions Jungle. La couverture, mettant en avant le héros, et au titre composé de belles lettres dorées, est irrésistible. La bande dessinée décline de superbes dessins, colorisés avec soin, démontrant encore une fois la capacité d’adaptation du dessinateur. Le scénario est pour le moins émouvant. Buck, un chien de famille impressionnant, est volé et vendu comme chien de traîneau. Il connaît des conditions de vie éprouvantes, mais aussi un sentiment de liberté dans les grands espaces. A travers son histoire, ce sont des thématiques universelles qui surgissent : l’injustice, la violence, la solidarité, l’instinct de survie… Le récit, simple, invite à se mettre dans la peau du chien. Il est accessible à partir de 9 ans, certaines scènes pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.
Buck est aussi fort qu’adorable, jouant volontiers avec les 2 enfants de la famille du juge qui l’élève, sous l’agréable soleil de Californie. Repéré par un bandit, il est kidnappé durant la nuit, et balloté dans une cage. Il tente de s’enfuir mais subit les coups de son bourreau. Vaincu, il est vendu et transporté en bateau. Il y découvre la concurrence avec d’autres mâles, parfois impitoyables avec leur prochain. Attelé à un traîneau, il doit désormais tirer le courrier avec la meute et faire face aux chiens sauvages la nuit. Spitz, en tête, est un chien égoïste qui vole la nourriture aux autres et les malmène. Buck finit par se révolter, et les chiens le choisissent comme chef. Loyal, il est prêt à aider son prochain et crée une cohésion facilitant les trajets. Malheureusement, il passe de main en main, et certains de ses propriétaires n’anticipent pas les rations de nourriture nécessaires à chaque étape du trajet. Un vieil homme solitaire sera son sauveur, et il cédera à l’appel de la forêt, découvrant enfin la liberté !
Chaque planche a sa couleur dominante : un turquoise profond pour la nuit, des nuances de rouge face au danger, un blanc teinté de légères ombres pour la neige – que Buck découvre avec joie… Des éléments très clairs donnent une profondeur et une douceur aux cases : sapins gris-bleutés sans contour, reflets jaune clair du feu et des torches, ciels rosis… Les éléments de la belle époque surgissent avec élégance : diligence, train, bâteau… Mais certaines scènes sont plus sombres, sous l’agressivité de l’homme comme du chien. Les chiens sont dessinés sous toutes les coutures, avec leur énergie, leur agilité, et toutes les subtilités de leurs caractères. La volonté de Buck est remarquable, tout comme son sens de la justice.
En terminant cette chronique, je me dis que ce n’est peut-être pas un hasard si l’on retrouve un animal nommé Buck, qui tient une place particulière dans Harry Potter ! Comme quoi, certaines hisoires sont universelles et traversent le temps. À ce propos, la collection Jungle pépite est riche d’une vingtaine d’ouvrages, des misérables à l’île du crâne, qui permettront de prolonger la lecture tout l’été !
Chronique de Mélanie Huguet
#BDjeunesse #couleurs #aventure #JackLondon #Lappeldelaforet #chiendetraineau #justice #conditionanimale #liberte

© Jungle, 2024.