La déferlante Absolute Batman a été un carton. Jason Aaron, Rafa Sandoval et Ulises Arreola forment la Dream Team artistique officiant sur Absolute Superman. Sous leur impulsion, le Man of Steel soulève des montagnes. Ce hit combo des éditions Urban Comics amalgame héroïsme épique et souffle politique, DC Comics tutoie les étoiles.
Sur Krypton, Kal-El mène une existence privilégiée auprès de ses parents.
Hélas, la guilde scientifique puise de manière excessive les matières et énergies accessibles depuis l’écorce terrestre. La conséquence directe est que ce monde lointain se meurt, il est à deux doigts d’imploser.
Lors de son effondrement, le dernier fils de Krypton survivra à la catastrophe à bord d’une capsule spatiale en partance pour un astéroïde bleu habité.
Six ans se sont écoulés, Kal est devenu un jeune homme qui s’est acclimaté à la vie terrestre après son «atterrissage forcé». Il parcourt le globe et développe des capacités hors-normes. Ce baroudeur en herbe a arpenté l’Amérique du nord au sud ainsi que l’ensemble des continents européens. Il a appris une dizaine de langues et sait se fondre dans la masse.
Kal constate, que ce soit sur sa planète natale dévastée ou d’adoption, que les multinationales et classes dirigeantes pillent les ressources naturelles sans vergogne en tirant profit des plus faibles.
L’expatrié décide de mettre ses aptitudes exceptionnelles au service des opprimés.
Lazarus Corp qui spolie les travailleurs du monde entier ne l’entend pas de cette oreille. L’entreprise envoie son meilleur agent de terrain, Lois Lane accompagnée d’une armée de Peacemakers, afin d’intercepter cet individu venu d’ailleurs.
Désormais, le nom de Superman doit résonner comme un symbole d’espoir voire de révolution.
Jason Aaron, le boss du badass gros calibre, s’avère un choix judicieux. Il sérialise un récit fort en proposant une version inédite, rajeunie alliant intelligence narrative et pertinence du propos. Son écriture se fond à merveille dans le mainstream postmoderne emporté par à un ton innovant, l’auteur insuffle ses préoccupations personnelles à l’intérieur de son œuvre. Il critique ouvertement le totalitarisme, le capitalisme et la privation des libertés individuelles. Le rythme est décompressé par rapport à « Absolute Batman« . Aaron offre une réinterprétation solide mêlant vagabondage et lignes temporelles alternées, l’action frôle la tragédie avec génie. La caractérisation pointue et l’épaisseur psychologique des personnages sont très bien amenées. Les relations qu’ils tissent entre eux prennent de suite un élan feuilletonesque, les dialogues font écho au script. « Absolute Superman » brise les règles et fleure bon l’originalité scénaristique.
Aux dessins, Rafa Sandoval est transporté. Il réalise des prouesses graphiques, sa composition est époustouflante. Le concept art est majestueux tandis que le character design en impose à l’image. Le crayonné d’une grande précision transpire de puissance, les arrière-plans se peaufinent dans le détail. Le séquençage se déchaîne au format cinémascope, les cadres ou plans serrés sont fréquemment entrecoupés par des pleines pages saisissantes. L’encrage magnifie les planches à l’aide d’un style appliqué grâce à son côté noir très fin, il épouse le galbe et les cernés dans un souci d’élégance ombrée. Ulises Arreola est un chef opérateur accompli, Il conçoit un éclairage aussi subtil que fusionnel. Sa maîtrise des couleurs numériques et pyrotechniques ajoute de la profondeur à l’illustration, la partition graphique teintée de réalisme est d’une qualité brillante.
Absolute Superman est une météorite reliée, cette série issue du nouvel univers de DC Comics a creusé un cratère dans les bureaux de la Marvel (atomisé serait plus approprié). La Maison des Idées vient de se prendre une fessée monumentale pour la seconde fois !
Chronique de Vincent Lapalus.
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