Le chat mène l’enquête

Le chat mène l’enquête, un manga scénarisé et illustré par NOHO, aux éditions Doki Doki.

Qui n’a jamais aperçu ce gros chat au regard malicieux, flânant nonchalamment dans les rues ensoleillées d’un Los Angeles des années 1950 ? Avec sa silhouette rondelette et son allure tranquille, il semble faire partie du décor. Chacun dans le quartier lui a trouvé un petit nom, mais personne ne connaît vraiment son histoire… et peut-être vaut-il mieux que cela reste ainsi.

Car derrière ses airs de simple matou de rue se cache un allié de l’ombre pas comme les autres. Son vrai nom ? Hitchcock. Et il n’est rien de moins que le fidèle partenaire d’un détective privé !

Au fil de ses pérégrinations à travers les ruelles, les jardins secrets et les confidences murmurées entre voisins, Hitchcock glane bien plus que de simples caresses. De potins en découvertes, il devient les yeux – et parfois les moustaches – de son ami enquêteur. Ensemble, ils vont tenter de résoudre une affaire mystérieuse… et peut-être, en chemin, Hitchcock lèvera-t-il aussi un coin du voile sur ses propres origines.

Je dois avouer qu’à ma première lecture, je suis resté assez perplexe. Le concept m’échappait un peu, et je ne parvenais pas à saisir où l’auteur voulait en venir. Intrigué mais pas totalement convaincu, j’ai fini par poser le manga sur ma commode, où il est resté un moment, un peu oublié.

Mais quelque chose m’a poussé à y revenir, et cette seconde lecture a été révélatrice. J’ai enfin saisi l’essence de cette œuvre singulière : il ne s’agit pas d’une intrigue traditionnelle ni d’un récit à suspense, mais d’une succession de petites scènes du quotidien, saisies avec une grande tendresse et un certain recul. Le tout vu à travers les yeux d’un chat au tempérament nonchalant, presque philosophe dans sa paresse assumée.

Ce regard félin, détaché et souvent amusé, offre une lecture poétique et parfois même contemplative de la vie urbaine, de ses habitudes et de ses petits drames silencieux. Un manga qui, derrière sa légèreté apparente, propose une véritable réflexion sur le rythme du monde et notre place dans celui-ci.

On dispose de peu d’informations concernant l’autrice. Son style graphique, quant à lui, se distingue par une grande netteté et une finesse remarquable : chaque trait est maîtrisé avec soin, offrant des illustrations à la fois élégantes et claires.

Mais c’est surtout la représentation de la ville qui frappe par son authenticité et sa richesse visuelle. L’atmosphère qui s’en dégage est incroyablement bien rendue, plongeant immédiatement le lecteur dans un univers vivant, vibrant et immersif. Cette ambiance, subtilement construite, constitue sans doute l’un des points forts majeurs du manga.

Comptant un seul tome terminé, ce récit original insuffle un véritable vent de fraîcheur dans le paysage manga actuel. Il séduit par son approche à la fois simple et délicate, et promet une expérience de lecture à la fois légère et profondément marquante.

Chronique de Camille Rappeneau.


© Doki Doki, 2025.

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