Absolute Batman T1

Que ce soit clair d’entrée de jeu, Scott Snyder accompagné de Nick Dragotta et Frank Martin explose la Maison des idées avec la sortie d’Absolute Batman chez Urban Comics. Cette refonte du Batverse dynamite les fondations même de DC Comics, la chauve-souris a chopé la rage.

Roman Sionis alias Black Mask est le big boss du crime organisé en ville. Il fait partie de l’élite et possède une fortune colossale. Son gang appelé «Bêtes de soirée» sème le chaos en massacrant les habitants de manière arbitraire. Ces riches parvenus se croient au dessus des lois, Sionis et ses complices agissent en toute impunité en payant grassement leurs écarts de conduite.

Pourtant, un nouvel intervenant apparaît et a soif de justice. Le Batman applique la loi du talion, il ne montrera aucune clémence envers les criminels.

Scott Snyder est un scénariste de premier plan, il a signé un run conséquent sur Detective Comics puis Batman. DC Comics lui donne carte blanche pour lancer sa nouvelle collection. L’auteur secoue l’industrie du comic-book avec cette version pour le moins musclée du Chevalier Noir. On garde le concept de base et quelques grandes lignes…exit l’orphelin multimilliardaire, le manoir, le majordome et les ressources illimitées. Débarrasser de la sacro-sainte continuité, Snyder forge un héros nettement plus proactif et réinvente le casting complet au passage. Il façonne un personnage principal au tempérament d’électron libre voire d’utopiste kamikaze en lutte contre des ennemis remis au goût du jour. L’histoire déferle tambour battant, le rythme monte crescendo. L’intrigue n’est que prétexte à un déluge d’action et de sauvagerie humaine. Le héros est un véritable bulldozer et ses opposants sont tordus comme jamais. L’atmosphère est chargée d’hostilité, les dialogues sonnent avec férocité. Absolute Batman dépeint un monde inédit et violent où Gotham City se change en arène de gladiateurs.

Nick Dragotta (East of West) est le partenaire idéal pour cette aventure éditoriale. Sa mise en scène prend littéralement à la gorge, il opte pour un style «millerien». Sous son crayon, les corps sont lourds et massifs. Le trait est aussi souple, rugueux que puissant. L’artiste s’implique au maximum sur l’expressivité faciale, corporelle, les postures hypertrophiées et chorégraphies endiablées. Il retranscrit à merveille l’intériorité, cette bestialité qui anime le protagoniste. Les décors fouillés se traitent dans un souci de visibilité. Le découpage rue dans les brancards grâce à des plans accrocheurs et des angles dynamiques. Dragotta effectue un travail extraordinaire sur les textures, la matière à l’aide de noir intense. Son encrage se fond à merveille dans l’obscurité et insuffle de la niaque à chaque ligne. La colorisation de Frank Martin s’applique sur le fil du rasoir, il couvre les planches d’un enduit pigmenté pour un rendu en béton armé. Les tons et nuances utilisés instaurent une ambiance urbaine limite insalubre, le visuel n’en est que plus attractif.

Gabriel Hernández Walta, dessinateur de Sentient et Phantom Road,s’invite le temps d’un épisode et rend une copie impeccable comme toujours.

Ce premier titre labellisé Absolute effectue un démarrage en trombe. À elle seule, cette série balaye d’un simple revers de la main la gamme Ultimate ainsi que l’univers 616 classique de la distinguée concurrence. Rendez-vous en enfer !

Chronique de Vincent Lapalus


© Urban Comics, 2025.

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