Pas d’lézard Nueva Lutetia

Avec la couverture de Pas d’lézard, les éditions Oxymore affichent clairement la couleur : à Nueva Lutetia, humains et dinosaures vivent ensemble, et cela semble plutôt bien fonctionner, à en juger par l’air enjoué du garçon porté par son ami au premier plan – un théropode, c’est à dire un carnivore ! Mais le T-rex en arrière plan laisse présager un grand danger ! En effet, si certains dinos ont évolué, d’autres sont restés au stade du Crétacé… L’auteur Pog, qui nous a régalé avec  Trappeurs de rien et  Les bras armés, nous offre une nouvelle très chouette BD jeunesse, dont il faut saluer l’originalité. Elle combine un univers merveilleux, une intrigue et une aventure prenante, et une subtile introduction aux questions de différences, de droits et d’immigration. Il faut dire que le personnage principal, Mattéo, est handicapé. Il se lie d’amitié avec son nouveau voisin, un jeune vélociraptor. L’un comme l’autre se sentent parfois rejetés. Et l’ambiance dans la ville est étrange, avec le maire qui se démène pour intégrer des dinosaures inoffensifs, tandis que son concurrent sème un discours de haine… Le père de Mattéo, parti au-delà du mur protégeant la ville de la faune sauvage, est une énigme qui enrichit le scénario. La dessinatrice Francesca Carità et la coloriste Véra Daviet apportent de l’harmonie et une patine ambiance jungle à des planches très réussies, rendant l’album accessible dés 7 ans. Un coup de cœur idéal pour les vacances !

Une nouvelle journée commence à Nueva Lutetia, une ville où les dinosaures produisent 75 % de l’électricité, transportent les bus et les ascenseurs des tours les plus hautes ! Alors que Mattéo se rend à l’école en fauteuil roulant, il fait la connaissance de son nouveau voisin, Yizül. Celui-ci a certes des griffes, une longue queue et des yeux reptiliens, mais il est tout à fait poli et avenant. Alors que certains camarades se moquent de Mattéo, Yizül lui propose de rejoindre son groupe de nouveaux amis. Pendant ce temps, sa grande sœur Kiara participe à une distribution alimentaire pour les dinosaures réfugiés, fuyant les dangers de la jungle. Le maire, qui connaît très bien son père, lui propose de rejoindre son équipe, à l’approche des élections. On découvre que le papa en question était très attaché à l’intégration de TOUS les dinosaures, qu’il est parti depuis longtemps dans la jungle, et ne répond plus aux signaux radios… Puis que quelqu’un possède un appeau susceptible de contrôler un T-rex ! De quoi semer la pagaille en ville, mais aussi amener de nouvelles questions passionnantes !

Le duo dessinatrice / coloriste a accompli un superbe travail. Les dinosaures affichent une multitude de couleurs aux tons agréables, et les mises en scènes jouent sur leurs volumes et leurs formes pour nous en mettre plein la vue. Il est de plus sympathique d’avoir des personnages principaux à la peau chocolat au lait, pour accentuer le principe de diversité. L’environnement est très vert et exotique, entre les palmiers dans la cour d’école, les arbres géants et les lianes dans les rues. Le style végétal donne aussi une touche art nouveau appréciable à l’architecture. Si quelques tags type «  un bon dino est un dino mort » nous rappellent que l’ambiance est parfois détériorée par quelques individus stupides, celle-ci reste dans l’ensemble extraordinaire, entre vélociraptor lisant le journal, patrouilles volantes, et vélocité de Ziyül au basket ! De quoi nourrir notre imagination. Sans parler de l’entraide générale qui prédomine. On ne peut qu’adhérer au slogan du maire : ensemble, on va plus loin !

De Denver le dernier dinosaure au  voyage d’Arlo, la thématique d’un monde où humains et dinosaures cohabitent reste toujours aussi divertissante, tout en permettant aux enfants de s’approprier les valeurs qui font notre humanité. Elle offre des dessins incroyables et un récit riche en rebondissement ! Une réussite, dont la suite est attendue avec impatience !

Chronique de Mélanie Huguet – Friedel.

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