LA TÊTE DANS LES NUAGES

Quand le TDAH s’invite à la maison, toute la famille peut être percutée, et l’inquiétude devenir quotidienne. Mais c’est quoi, le TDAH ? C’est un Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité, qui concerne 6 % des enfants. Mais ce n’est pas une maladie ! Et comme toutes les neuroatypies, « aucun TDAH ne se ressemble, mais tous ont la même force ». Alors cela vaut le coup de s’y pencher, pour mieux comprendre le vécu des parents et des enfants. Et c’est l’excellente proposition que nous font, aux éditions Soleil, la scénariste Emmanuelle Friedmann et la dessinatrice Céline Bailleux. Celle-ci est bien placée pour partager, puisqu’elle nous ouvre les portes de chez elle pour dessiner son quotidien, avec sa fille. Le récit est ainsi très concret, bien emmené, et dynamique. Un glossaire est utilement ajouté en fin d’ouvrage, pour récapituler et s’en sortir avec tous les sigles.

Tout commence en fin de maternelle, quand l’institutrice apostrophe Céline pour l’informer que sa fille est toujours dans la lune, n’écoute rien, ne fait pas les activités, est en retard et ne joue pas avec les autres ! Si les proches suggèrent de ne pas s’en faire trop vite, pour Anaïs et ses parents, c’est le début d’un parcours du combattant. Les problématiques sont nombreuses, pour tenir les horaires chaque jour sans passer son temps à dire « dépêche toi ! », suivre le rythme des nombreux rendez-vous médicaux, trouver le médicament adapté, mettre en place des routines, garder l’équitation qui est la passion d’Anaïs pour qu’elle s’épanouisse… Les devoirs deviennent une vraie galère… Heureusement, un protocole est mis en place : temps supplémentaire pour les évaluations, devoirs allégés, placement stratégique dans la classe. Reste à veiller à son application… Et faut-il le rappeler : l’AESH, Accompagnant d’Élève en Situation de Handicap, est une aide précieuse. Le TDAH demande de la combativité et de la confiance en soi. Il doit être sérieusement pris en compte, mais n’empêche pas de se réaliser. Heureusement, Anaïs est très volontaire !

Par ses dessins colorés et vivants, Céline Bailleux transmet parfaitement le tourbillon d’une vie un peu bousculée, mais qui garde ses moments de joie et de sérénité. C’est d’abord en écoutant et observant Anaïs que l’on perçoit de petites choses qui font la différence : elle se met à rêver et n’écoute pas les consignes, que ce soit pour s’habiller ou lors de sa séance de poney. Les échanges s’enchaînent avec les professionnels, la multiplication des cases montre le tunnel des soirées où l’horaire du coucher doit être respectée… Par les dialogues et mises en scènes, Céline nous raconte les difficultés de son enfant et toute l’adaptation nécessaire. Mais aussi comment cela se passe pour sa famille recomposée, et cette fameuse charge mentale des mamans que l’on connaît trop bien ! Car bien-sûr, il faut jongler avec le travail, la période Covid, et les pharmacies « qui ne gèrent pas les divorces ». Les bulles de pensées permettent de communiquer sur les émotions ressenties, entre énervement, découragement, attachement… Il faut savoir rester zen au quotidien, pensée pour Céline et tous les parents qui y laissent quelques cheveux blancs… Heureusement, il y a les rires, les sourires, les mignonneries, l’amour !

Au fil des pages, le lecteur comprend que chaque parent et chaque enfant fait ce qu’il peut : un appel bienvenu à la bienveillance et à l’absence de jugement ! Un récit aussi inspirant qu’informatif, et qui reste accessible – il a d’ailleurs aussi intéressé mon enfant de sept ans.

Chronique de Mélanie Huguet – Friedel.


© Éditions Soleil, 2025.

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