Superman – Space Age

Depuis près d’un siècle, le Dernier Fils de Krypton s’élève au rang d’icône culturelle, intergénérationnelle et éternelle. La mort elle-même n’a pu le vaincre. Les grands noms de la bande dessinée US se sont succédés pour imaginer des sagas devenues cultes. Superman – Space Age de Mark Russell, Michael et Laura Allred traduit aux éditions Urban Comics trouve une résonnance jusque dans Crisis on Infinite Earths. Votre attention, s’il vous plaît ! L’album se classe comme l’une des meilleures productions pour cette année 2025.
Deux faits importants affectent les États-Unis à l’aube des années 60.
Le premier est l’assassinat de son président à Dallas, la conscience américaine s’éteint avec John Fitzgerald Kennedy.
Le deuxième, une silhouette survole les cieux de Metropolis. Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? Non, c’est Superman !
Et soudain, le monde redevient radieux. Il s’emplit à nouveau de splendeur et de prodiges. Son apparition engendre l’émergence d’une nouvelle race de héros. Une chauve-souris se manifeste à Gotham City, l’émissaire d’une île paradisiaque cachée apparaît telle une divinité. Un bolide écarlate provoque une onde de choc à Central City et un rayonnement vert émeraude transperce la galaxie. La Ligue de Justice est née.
Malheureusement, cette floraison de miracles qui dépasse l’entendement s’accompagne de menaces effroyables qu’elles soient d’origine terrestre ou extraterrestre.
Des êtres tombent du ciel. Les dieux crachent la foudre. Parfois, des innocents meurent. Cela provoque des sentiments d’impuissance, de colère et de frustration qui rendent des individus…cruels comme Lex Luthor ou Brainiac.
Une rencontre fortuite avec le Paria scellera à jamais le destin de Clark Kent/Superman. Cet homme venu du futur a libéré par accident l’Anti-Monitor en manipulant une source d’énergie inconnue.
Ce croque-mitaine céleste fomente l’éradication du multivers. Car oui, les univers multiples existent bel et bien. Le Paria annonce à Superman que la Terre 203495-B est en voie d’extinction.
L’homme de demain dispose de la technologie kryptonienne pour sauvegarder sa planète d’adoption intacte. Seulement, y parviendra-t-il ?
Le trublion Mark Russell effectue un travail scénaristique éblouissant. Il se réapproprie la mythologie du Man of Steel et rédige un récit poignant alternant entre comic-book romanesque, science-fiction populaire et soap opera. Superman – Space Age n’est pas seulement un divertissement cinq étoiles, l’ouvrage aborde des événements politiques et sociaux historiques auxquels l’auteur ajoute son lot de périls interstellaires ainsi que de la dramaturgie. L’intrigue rappelle les lectures liées à l’enfance. Les phylactères se remplissent de dialogues savoureux, les vignettes de récitatifs amusants. Il s’en dégage un message d’espoir et de tolérance, Russell allie l’innocence narrative à l’imaginaire sans limites.
Graphiquement, Michael et Laura Allred s’éclatent comme des gosses, leur mise en scène est classique. Monsieur officie au dessin et à l’encrage tandis que madame se charge des couleurs. L’illustration est cosmique, aérienne. L’esquisse se déploie à la surface des planches dans un style ligne claire charmeur. Le réalisme et le détail des décors transpirent de clarté absolue, Les cases à géométrie variable s’insèrent avec douceur à l’intérieur d’un séquençage ample. L’encre de chine coule avec élégance, elle s’applique d’une épaisseur uniformisé sur le crayonné. L’ombre et les hachures se tempèrent dans le cadre, le trait devient de suite plus souple et expressif. Laura Allred emploie des nuances numériques rutilantes. Sa composition picturale craque sous la dent en laissant un bel effet pop sinon acidulé à l’image, on y décèle son amour du visuel galbé et des atmosphères harmonieuses. Les artistes puisent leurs influences chez Jack «King» Kirby, Steve «Swingin’» Ditko et une colorisation en aplats comme à l’époque.
Pour conclure, il est évident que les elseworlds opèrent un retour en force chez DC Comics. Nous reparlerons prochainement de mondes alternatifs avec la sortie de Batman – Gotham by Gaslight 1893 T1 là où les saltimbanques du Neuvième Art renouvellent l’uchronie de manière (ré)créative.

Chronique de Vincent Lapalus.


© Urban Comics, 2025.

Laisser un commentaire