Séverine Laliberté est archéologue au CNRS et scénariste de bande dessinée. Avec cet ouvrage publié par Steinkis éditions, elle invite les lecteurs à suivre le quotidien d’une équipe internationale d’archéologues. Ce collectif, constitué de géoarchéologue, spécialiste des fumiers fossiles (Jacques), géographe, cartographe, géologue archéozoologue, étudie les Kites, des gigantesques et étranges constructions, oubliées depuis des siècles et que l’on retrouve de l’Arabie Saoudite au Kazakhstan en passant par l’Arménie et la Syrie. Les chercheurs s’interrogent sur leur fonction : s’agissait-il d’enclos pour l’élevage, de piège pour la chasse ? Les murs de ces « constructions » peuvent être longs de plusieurs kilomètres et questionnent sur leur forme uniforme dans des lieux désertiques.
Parmi les nombreuses découvertes, celles de cartes gravées sur des pierres qui remettent en question la naissance de la cartographie (période du néolithique) et interrogent sur la capacité d’abstraction d’homo sapiens, cette dernière n’étant peut-être pas liée à la maîtrise de l’écriture.
L’autrice revient avec beaucoup d’humour sur le quotidien de ces scientifiques dans des lieux désertiques et parfois hostiles. Jouant avec perfection avec les codes de la narration du 9ème art, elle sait captiver le lecteur en traitant un sujet qui aurait pu paraître ennuyeux au premier abord. Le livre est présenté comme « une enquête archéologique steppes by steppes » : en effet, nous accompagnons pas à pas les savants dans leurs démarches : hypothèses, vérifications sur place, validation ou non des hypothèses. Les vérifications entraînent toujours de nouvelles interrogations, et par conséquent de nouveaux questionnements et ainsi de suite.
Le dessin semi-réaliste, voire parfois humoristique sert à la perfection le scénario et facilite la compréhension de concepts scientifiques parfois ardus. Utilisant un gaufrier des plus classiques, Nicola Gobbi , émerveille nos rétines avec des paysages magnifiques, sur des pages entières (pleines pages ), facilitant une certaine immersion dans les étendues arides et dépeuplées.
Si le but de la chercheuse scénariste était de rendre accessible et prenante la recherche en archéologie et les sciences en général, sa mission est largement remplie. Nous découvrons des gens passionnés, curieux de tout, sachant partager pleinement leur enthousiasme vis-à-vis de la connaissance. Sur les traces des archéologues est, vous l’aurez compris, une lecture hautement recommandable.
Chronique de Gedeon Groidanmamaison

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