Scarlett – Mission spéciale

Elle est rousse et sexy, c’est une barbouze belle et sans pitié qui maîtrise autant le close combat que le tir de précision. Elle est toujours prête à foncer dans le tas pour affronter des mercenaires et ninjas sanguinaires. Je ne vous parle pas de Natasha Romanoff mais de Shana O’Hara. Scarlett – Mission spéciale de Kelly Thompson, Marco Ferrari et Lee Loughridge aux éditions Urban Comics vous catapulte dans une aventure spectaculaire mêlant traque effrénée, fusillades, explosions et trahisons. Cette chronique contient des informations confidentielles, activation du protocole secret défense.

Shana O’Hara alias Scarlett est envoyée en sous-marin à Monaco pour s’immiscer dans un trafic d’esclaves et d’exploitation sexuelle. Son rôle consiste à identifier les acheteurs potentiels sans intervenir.

Des trouble-fêtes s’invitent à cette vente VIP et lancent un assaut meurtrier. Shana n’obéit pas aux ordres et engage des «négociations» musclées. Haut les cœurs, il va y avoir du sport ! Elle zigouille les malandrins par paquets de douze. Toutefois, un ravisseur parvient à s’échapper avec un otage. Scarlett est rappelée dare-dare à Washington DC pour être relevée de ses fonctions.

Désavouée est tamponné sur son dossier, ce p’tit bout de femme est une trompe-la-mort indisciplinée comme un certain Conrad Hauser aka Duke. Décidément, l’armée américaine a bien du mal à gérer ses recrues depuis quelques temps.

Une unité spéciale saute sur l’occasion et la recrute pour une black-op. Son but serait d’infiltrer le clan Arashitage afin de recueillir des renseignements voire de lui dérober une arme légendaire forgée dans un matériau d’une puissance incommensurable venu des étoiles.

Seul hic, une vieille connaissance de Scarlett est devenue membre de l’organisation criminelle. Crinière de feu se doit d’exécuter la mission sans griller sa couverture ni éveiller les soupçons. La situation s’annonce mal barrée puisqu’une faction adverse arborant une tête de cobra comme animal totem s’intéresse également à Inochi No-Ken, l’épée de la vie. Qui parle d’agent triple ?!

Après Joshua Williamson, Kelly Thompson fait ses premières armes au sein de l’Energon Universe. Elle a remporté un Eisner Award pour sa reprise énergique de Black Widow, il était donc logique que Skybound fasse appel à ses services pour co-animer ce reboot de la licence Hasbro. La scénariste s’en tire avec les honneurs en conciliant l’aspect super-héroïque à celui de l’espionnage. Ce one-shot est un hommage hyper cool au genre mixant action, suspense et menace planétaire. Thompson se met au service de l’histoire et de ses protagonistes, l’intrigue monte en puissance. L’héroïne principale pète la classe et se rit du danger. Scarlett s’inscrit dans la pure tradition des personnages féminins à l’aura charismatique qui fracassent la bande dessinée outre-Atlantique (Tara Chace, Carrie Stetko et Velvet Templeton en tête de podium), sa lecture rend la série accessible à la bleusaille comme aux snipers chevronnés du comic-book.

Marco Ferrari livre une composition irréprochable. Il fournit un travail illustratif d’une efficacité redoutable, le dessin se croque sur le qui-vive. Ferrari opte pour un découpage limpide hissé par un story-telling cinématographique. L’illustrateur est aussi à l’aise avec la grâce des corps en mouvement que les scènes intimes ou séquences de combat, sa physionomie graphique est expressive et les décors soignés jusqu’au bout de la mine. La finition à l’encre de chine se veut sans artifice, le passage au noir est souple et agile. L’infatigable Lee Loughridge est un coloriste tout en nuances, il s’adapte à n’importe quel type d’ambiance. L’éclairage et les contrastes sont maîtrisés. Le galbe des couleurs crée une imagerie à la fois douce et tamisée sans tomber dans la surenchère d’effets inutiles, le visuel est nickel.

Ce trio d’artistes talentueux et enthousiastes vient enrichir le gigantesque coffre à jouets qu’est l’Energon Universe. Il prouve que l’on peut dynamiter le mainstream par un cocktail de peps, punch et de gin tonic. Affaire classée !

Chronique de Vincent Lapalus.


©Urban Comics, 2025.

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