The one hand & The Six Fingers

Ram V, Dan Watters, Laurence Campbell, Sumit Kumar, Lee Loughridge déploient une mécanique scénaristique et artistique fragmentée implacable avec l’arrivée du deuxième numéro de The One Hand & The Six Fingers aux éditions Urban Comics.

L’ouvrage plonge davantage le lecteur dans un sentiment de convoitise, le scénario maintient la curiosité tandis que les personnages gagnent en épaisseur.

La situation ne s’améliore guère pour Ari Nassar. L’affaire du tueur à la main lui fait perdre tout contrôle depuis qu’un récent copycat opère dans les rues. L’un des coupables déjà incarcéré clame son innocence et demande une révision de jugement. Sa prostituée robotisée favorite a été mise au rebut, sa psy répond aux abonnés absents. Ses vies personnelles et professionnelles deviennent un véritable capharnaüm.

L’assassin a toujours une longueur d’avance, le taux de stress qu’engendre l’enquête monte en flèche. Rechercher sa bien-aimée Nemone s’avère une soupape de décompression, il retrouve sa trace dans un entrepôt où sont stockés les modèles dépassés. Des flyers jonchés sur le sol le mettent sur la piste d’une galerie d’exposition. La directrice de ce musée des horreurs récupère et exhibe des membres artificiels afin d’organiser des soirées mondaines remportant un franc succès.

Une fois sur les lieux et victime de sa notoriété publique, l’inspecteur est pris dans une altercation avec des invités. Lors de cet échange mouvementé, l’inspecteur distingue une personne possédant six doigts qui s’évanouit au milieu de la foule, Nassar est congédié puis raccompagné à la sortie par le service de sécurité.

Johannes Vale est complètement paumé, il lui arrive d’avoir des visions de meurtres atroces. Il s’imagine en train de griffonner frénétiquement des inscriptions cryptiques sur les murs laissant son empreinte palmaire partout.

Johannes décide de retourner à la biennale où l’avait largué dans les règles de l’art son ex Galina. Une fois sur place, l’événement et la meute de convives ravivent de très vilaines choses. Serait-ce un effet indésirable dû au traitement contre sa mutation ? Dans un moment de lucidité, le jeune-homme comprend qu’il devra peut-être percer ce mystère seul.

Ce second volume approfondit le chassé-croisé psychologique des antagonistes, on patauge en plein roman noir. L’histoire se fond dans une trame classique façon «Hard-boiled School», celle du flic insensible traquant un criminel violent. À travers une narration âcre limite cynique, le duo d’auteurs livre un récit oppressant où les notions de bien et de mal restent très floues. Le synopsis mêle dialogues sobres, cases de pensées tarabiscotées et ambiance insidieuse. The One Hand & The Six Fingers dépeint une vision pessimiste d’un monde rétro-futuriste à portée de (de)main.

Le graphisme alterne entre réalisme et semi-réalisme sans basculer dans le caricatural. Le procédé permet de mieux exprimer l’émotivité des protagonistes sinon de privilégier une mise en scène formelle. Quoi qu’il en soit, les décors sont fignolés dans le détail. Les séquençages employés par les artistes sont calibrés et efficaces. L’encrage fin et précis des contours succède à un passage au noir opaque. Le coloriste joue un rôle crucial, il s’adapte à chaque style. Les pigmentations passent des tons pastel apaisants aux nuances électrisantes avec aisance. Le travail illustratif est irréprochable.

Cette nouveauté continue sur sa lancée, l’intrigue est plus complexe qu’elle n’y paraît. Au final, pour qui éprouve-t-on le plus d’empathie ? Le flic désabusé ou le criminel déphasé ?

Chronique de Vincent Lapalus.

#comics#comicbooks#comicstagram#murders


© Urban comics, 2025.

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Avatar de Giu'Art & Ji'An Giu'Art & Ji'An dit :

    🙂

    J’aime

Laisser un commentaire