« Un garçon, un vampire, une romance »… et mon sourcil circonflexe ! Qu’avais-je donc dans les
mains ? Un peu dubitative mais toujours curieuse, j’ai débuté la lecture de cette version papier toute
récente d’un webcomic déjà vieux de plusieurs années, et je n’ai pas vu le temps passer !
Publié chez Casterman, Les Normaux est un petit pavé broché de 320 pages dont la lecture fait
autant sourire que réfléchir. Janine Jansen au scénario et Al Sabado aux illustrations signent une
production qui fait simplement du bien. Vivement le prochain tome !
Dans un monde surnaturel où des univers parallèles coexistent, c’est dans un Paris alternatif féérique
que se situe la rencontre entre Sébastien et Elia. Le premier est un jeune homme, humain, aux
prédispositions magiques niées par ses parents et qui a fui leur présence en venant s’installer près de
sa tante, une magicienne, et de son oncle, un djinn comme celui d’Aladdin. Le second est un
mannequin surchargé de travail, dont la famille est connue dans le milieu de la mode, et
accessoirement aussi un vampire à la peau bleu nuit. Si la romance entre ces deux-là forme la
colonne vertébrale du récit, c’est tout un monde de créatures fantastiques qui cohabitent
joyeusement en créant des intrigues secondaires et des apartés savoureuses et bien menées. Une
mention spéciale pour Pierre, le lapin machiavélique de Sébastien, dont l’air grognon et déterminé
m’a indubitablement charmée !
Mêlant les codes de la bande dessinée et du manga, les personnages sont réalistes ou stylisés selon
l’émotion à faire passer ; la mise en page, en plus d’être très agréable à lire, est dynamique et super
rythmée, alternance de vignettes aux formats variés et de pleines pages, toutes différentes les unes
des autres.
Aussi colorées qu’un drapeau LGBTQIA+, les planches sont saturées façon bonbons acidulés. Cette
utilisation efficace des couleurs vives donne de l’énergie à l’ensemble tout en restant cohérente pour
l’œil du lecteur et pour servir le propos… parce que « Les normaux » n’est pas simplement une
énième romance fantastique mais plutôt une sorte de réflexion sur la complexité des sentiments et
les questionnements de chacun en matière d’identité, d’orientations sexuelles, d’origines culturelles
ou sociales. Dans cet univers parallèle, les différences sont accueillies avec bienveillance ; l’inclusivité
n’est pas un vain mot !
À l’heure où les incertitudes géopolitiques et l’actualité en général n’engagent pas forcément à la
folle gaieté, cette lecture s’est trouvée comme une énorme bouffée de jolies choses, rappelant
simplement que l’humain à cette force, cette capacité à s’émouvoir, à rencontrer l’autre et à
l’accepter tel qu’il est. J’aime quand la bande dessinée rappelle ces évidences… et aussi qu’il peut
être intéressant de frotter les lampes quand on les croise, on ne sait jamais…. !
Chronique de Louna Angèle.


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