TITANS T3: Ariane

Tout le monde connait le mythe antique du fil d’Ariane ayant aidé Thésée à s’extirper du Labyrinthe après avoir vaincu le Minotaure…

Je vous la fais courte pour resituer : éperdument amoureuse de Thésée, qui doit combattre le Minotaure au fin fond du Labyrinthe, Ariane lui fournit, contre la promesse de l’épouser, un fil qu’il dévide derrière lui, lui permettant ainsi après le combat de retrouver son chemin. Seulement voilà, à l’issue de l’épisode, Thésée se volatilise en laissant Ariane seule… À partir de là, chez les auteurs classiques, les versions divergent quant aux destins de Thésée et d’Ariane… départ volontaire ou non du guerrier grec, caractère potentiellement magique du fil, implications variées des Dieux de l’Olympe… Olivier Peru, pour notre plus grand plaisir, s’est saisi à sa façon de ce fil pour tisser une suite aux p’tits oignons dans ce troisième tome de la série-concept  Titans , imaginée par Jean-Luc Istin et Sébastien Grenier et éditée chez Oxymore.

Dans cet opus intitulé « Ariane », la narration est double : Yko, le frère difforme d’Ariane, présent à la cour de Dionysos, y conte avec une gouaille bien imagée, les mésaventures anciennes de sa sœur, qui font l’objet de la seconde trame, jusqu’à la scène finale où les deux trames se rejoignent ; on y apprend qu’une nuit avec Thésée aura suffi pour qu’Ariane mette au monde des jumeaux et qu’ayant erré après son abandon par Thésée sur l’île de Naxos, elle n’avait plus été vraiment elle-même, souffrant d’absences inexpliquées… Yko conte ensuite la maladie des deux frères, l’envoyé d’Hadès venu les chercher pour les faire princes aux Enfers à la suite d’une promesse… et surtout la détermination d’Ariane à comprendre et à ne pas le laisser faire. Il est moins question dans ce tome de quête vengeresse que de la volonté implacable d’une femme de protéger ses enfants, aussi puissamment divin soit le péril. De leur fuite de Crète à la recherche de Thésée, jusqu’à la cité de Mycènes, propriété d’Agamemnon, roi tyrannique à la force redoutée de tous, je vous laisse le soin de découvrir comment Ariane rencontrera le plus puissant des titans, Hypérion, Titan de la Lumière, et quel formidable pouvoir lui confèrera leur alliance. N’est pas le pire des Dieux celui que l’on pense…

Le découpage habile d’Andréa Cunéo crée ce qu’il faut de suspens pour tenir le lecteur en haleine planche après planche tandis que les dessins d’Umberto Giampà le plonge dans une débauche de drapés antiques, de colonnades et batailles l’arme au poing. Le trait est réaliste et les couleurs, signées Arif Prianto, idéalement utilisées pour donner de la profondeur aux décors et du mouvement aux personnages. Une mention spéciale pour moi pour l’utilisation très efficace des dorures et du feu, qui rend les cases vivantes et crée des contrastes saisissants.

Une lecture encore une fois très plaisante, dans la droite ligne des deux premiers volumes, un bon dépoussiérage inventif d’un mythe antique classique avec son lot de surprises, de nouveautés et une petite «morale » à laquelle j’adhère : ne jamais sous-estimer la détermination parentale ! 

Chronique de Louna Angèle.


© Oxymore, 2025.

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