Les vieux fourneaux T8: Graines de voyous

Quand t’apprécies un auteur, un dessinateur, une série, t’es ravie quand il y a un projet de suite, tu patientes, tu guettes, voire tu trépignes… T’anticipes les retrouvailles avec l’univers, les personnages… C’est comme quand tu sais que tu vas retrouver les copains au pub… Rien que l’idée, ça te met bien. J’attendais, j’attendais et hier j’ai enfin passé la soirée avec mes vieux amis.

Vieux, au sens littéral…

Antoine Perron, Pierre Mayou et Émile Carabignac, Les vieux fourneaux , mes p’tits vieux à moi, sont irrévérencieusement octogénaires ! Tout droit sortis de la collaboration entre Wilfrid Lupano au scénario, Paul Cauuet au dessin et Jérôme Maffre à la mise en couleurs, ils forment un trio détonnant depuis maintenant 8 tomes, édités chez Dargaud. Forcément je conseille la lecture de toute la série. Vraiment, vraiment ne passez pas à côté de cette réjouissance ! Le huitième volume tient magistralement ses promesses.

Dans l’opus qui nous intéresse ici, intitulé « graines de voyous », le théâtre du loup en slip à soixante balais ! (J’en profite pour glisser là que les aventures du loup en slip forment une collection d’albums à part entière, à déguster sans modération et ce dès le plus jeune âge !).

À Montcoeur donc, et dans toute la région, cet anniversaire est un événement, tant ce petit théâtre itinérant créé par Lucette et légué à Sophie est une institution appréciée des petits et des grands, en même temps que l’occasion, malgré la canicule, de se retrouver pour fêter ça. Sophie, la petite-fille d’Antoine et Lucette, organise le tout et même Pierrot descend exprès de Paris ! C’est l’occasion surtout de se rappeler les souvenirs. Dans chaque tome on en découvre un peu plus sur la vie que chacun des trois compères a mené ; dans celui-ci c’est la petite vingtaine de nos vénérables qui est évoquée : on découvre comment a débuté l’idylle entre Antoine et sa Lucette et surtout la part non négligeable de responsabilité de Mimile et Pierrot dans l’affaire !! On fait la connaissance de Madeleine et Ahiwaru et on retrouve la fine équipe du troquet La chope, toujours prodigue en avis, conseils et conclusions ! Montcoeur prend parfois des allures de village gaulois…

Une décennie depuis la parution du premier tome et je rencontre avec toujours autant de plaisir Pierrot, Mimile, Antoine et leur petit monde ; une décennie sans que le scénario ne s’essouffle, Wilfrid Lupano est un ténor qui tisse à nouveau une trame aussi drôle que sensible pour des personnages terriblement humains, entre coup de gueule et vulnérabilité ; une décennie sans que les dessins ne se rident sous les doigts habiles de Paul Cauuet qui insufflent par son trait, à la fois réaliste et comique, une énergie supplémentaire. Les poses et expressions des personnages sont savoureuses, les regards un vrai régal (les coups de sang de Pierrot ou l’œil suspicieux d’Émile valent leur pesant de cahouètes !). Une décennie sans que les couleurs ne ternissent grâce au savoir-faire de Jérôme Maffre qui habille savamment chaque case des teintes d’un joli quotidien. Une décennie que je me marre et que je réfléchis aussi, parce qu’au-delà des situations cocasses, des tirades magistrales dignes d’Audiard et des réparties truculentes, c’est notre société qui est malicieusement croquée. Dans ce tome, on s’interroge aussi bien sur des problématiques liées au climat que sur l’omniprésence des outils informatiques dans les échanges entre les gens ou encore sur la place des femmes dans les questions de pouvoir politique…

Ce huitième tome des Vieux fourneaux est un carton plein dont j’attends déjà la suite avec impatience ! Seul bémol à signaler malgré tout : 54 planches c’est beaucoup trop peu !!!

Chronique de Louna Angèle.


© Dargaud, 2024.

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