Mon petit musée d’idées noires

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un manga réalisé par un auteur de mon pays, la Suisse, Léo, est passé un beau jour à la librairie où j’évolue pour me présenter son travail. Grande lectrice de manga, de seinen et de tous titres horrifiques, le dessin sur la jaquette m’a interpelée. Mon petit musée d’idées noires, paru en octobre aux éditions Myria, est indéniablement à mon goût et il aurait été bien malheureux que nous passions à côté.

J’ai utilisé le terme « horrifique », mais ce n’est pas exactement ce que révèlent ces huit courtes scénettes. Il faut y entrevoir plutôt la source de certaines de nos peurs, de notre mal-être ou de nos angoisses les plus absurdes.

Comme dans tous les musées, un guide vous invitera à parcourir les galeries. Personnage haut en couleur et mystérieux, il a la tête momifiée. Il est nonchalant et a un humour grinçant. Le dandy nous ouvre la voie des préambules et rebondit sur chaque histoire.

Suicide, maladie, kidnapping, orgie et addictions en tout genre, rien ne vous sera épargné. On glisse dans chaque épisode avec curiosité et on se laisse déborder par la brutalité de diverses conclusions.

Autodidacte, son projet est le fruit du hasard. Après avoir participé à plusieurs concours, un peu frustré, il commence à réaliser des scénettes sans but précis. Petit à petit, l’idée émerge de les réunir. Fin 2023, les éditions Myria l’approchent après l’avoir repéré sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que débute l’étonnante aventure.

Le graphisme de Léo est à lafois doux et inquiétant. Il s’inspire de mangakas tels que Shin’ichi Sakamoto dont les séries emblématiques sont, Ascension, Innocent ou plus récemment #DRCL et l’auteur Asano dont je n’oublierai jamais ma lecture de Solanin et d’Un monde formidable.

Le trait de l’artiste est précis, acéré et émouvant. Il dépeint avec autant de facilité des scènes bucoliques emplies de fleurs, de papillons et d’arbres, mais nous entraîne également dans une profonde noirceur. Il joue avec maestria de nos nerfs ! Une chose est sûre, Léo n’a pas à rougir face au talent de certains mangakas, il assure plutôt pas mal !

Pour être une bonne libraire, il faut être passionnée, aimer les livres, mais, et surtout, chérir les auteurs et leurs créations. Ne jamais oublier que pour nos métiers respectifs, nous avons besoin l’un de l’autre et que nous, nous sommes là avant tout pour partager ce qu’ils nous offrent avec amour : l’art avec un grand A !

Chronique de Nathalie Betrix


© Éditions Myria, 2025.

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