GONE WITH THE WIND T2

Le tome 2 démarre en février 1866. L’héroïne, Scarlett ne peut plus payer les taxes de sa propriété, Tara, malgré les efforts fournis pour relancer la production du coton. Elle décide de se rendre à Atlanta, ville détruite en 1864 par les « nordistes ». Elle souhaite y rencontrer Rhett Butler, vieille connaissance, une crapule, un profiteur de guerre, qui s’est fait un petit pactole. Scarlett le retrouve en prison pour lui demander des fonds. Elle est prête à toutes les concessions pour l’obtenir mais Rhett refuse. Ne reculant devant rien, elle se marie avec Frank Kennedy, qui avait demandé la main de sa sœur, tout en étant toujours amoureuse de Ashley…

Notre héroïne achète une scierie, qu’elle dirige habilement, puis une deuxième. Pierre Alary respecte scrupuleusement la fiction historique de Margaret Mitchell.

J’avoue ne pas l’avoir lue, ni même visionné le film. C’est le talent de Pierre Alary qui m’a donné envie de lire cette adaptation. Plein de préjugés, m’attendant à une histoire d’amour, j’ai été très agréablement surpris de découvrir une œuvre riche et intense. Le récit est avant tout historique et sociologique : l’action se situe à Atlanta en Géorgie, en 1866, la guerre de sécession touche à sa fin.

Nous assistons à la fin d’un monde avec tous les drames qu’un tel événement peut susciter. Les repères se brouillent, les valeurs de l’ancien monde deviennent obsolètes.

Les Confédérés refusent la fin de l’esclavagisme, qui met fin à leur source principale de revenus . Le Ku Klux Klan apparaît. Les meurtres des Noirs libérés se multiplient.

Dans ce contexte, l’héroïne se défend, cherche des solutions, le plus souvent immorales dans le contexte de l’époque, pour trouver de l’argent. Elle n’hésite pas à mentir, elle est dure avec son entourage. Elle est indépendante, cynique et égoïste. Elle n’a aucun sentiment pour ses enfants et maris. Déterminée, elle cherche la sécurité matérielle avant tout, se moquant des « qu’en dira-t-on ».

Le bédéiste a étudié l’animation au sein de l’école graphique des Gobelins et travaillé aux Studios Disney de Montreuil (sur Tarzan, Kuzco,…). Ce qui explique sa maîtrise parfaite de la narration. Cette dernière est d’une efficacité et d’une fluidité redoutables : on ne peut s’empêcher de dévorer les pages jusqu’à la dernière ,malgré un format généreux. Une seconde lecture est toutefois nécessaire pour admirer les dessins et les couleurs. Celles-ci sont chaudes, avec une dominante orangée et de teintes plus sombres, qui ne sont pas sans rappeler le crépuscule (en l’occurrence, ici, celui des Confédérés). Les jeux de lumière sont somptueux. L’auteur excelle pour représenter les extérieurs, sur de grandes cases, tout en respectant le gaufrier classique de la BD franco-belge. Avec seulement deux ou trois traits, l’artiste sait exprimer les émotions de ses personnages.

Les dialogues sont plaisants et passionnants, surtout ceux entre Scarlett et Rhett. Ils sont formidablement écrits. Les échanges entre les deux personnages sont piquants, cyniques, incisifs, mais aussi francs et honnêtes. Leurs conciliabules nous renseignent sur leurs intentions, leur véritable nature et sur le monde dans lequel ils évoluent. L’auteur a dû adapter et retraduire leurs répliques pour éviter les droits de traduction. Nous ne pouvons que louer son génie de traducteur et de dialoguiste.

Gone with the wind, est sa troisième adaptation de roman pour Rue de Sèvres après Mon traître et Retour à Killybegs. Cette lecture hautement recommandée pour les longues soirées d’hiver, est une réussite qui confirme toutes ses qualités.

Chronique de Gedeon Groidanmamaison.


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