LES FILLES EN COLÈRE AIMENT LES GARÇONS SENSIBLES

Pour la journée mondiale du nettoyage de la planète, on met les relations toxiques à la poubelle ! Et parce qu’une bande dessinée vaut mieux qu’un long discours sur le harcèlement, voici Les filles en colère aiment les garçons sensibles. Et comme ce titre vous le laisse deviner, il n’est pas question que d’une personne horrible – qui arrive à démoraliser profondément l’héroïne, Alix – mais surtout d’amitié, d’amour, de la découverte de soi et des autres, et de comment réussir à soigner ses émotions noires et explosives. L’autrice canadienne Faith Erin, qui avait fait l’objet d’une chronique pour L’échappée belle en 2023, revient aux éditions Rue de Sèvres avec un album encore plus fin, plus profond – 290 pages en un agréable format compact. Elle traite habilement de différents sujets de l’adolescence, des prémices de l’orientation sexuelle à l’homophobie en passant par les familles recomposées, sans oublier la pratique coûte que coûte d’un loisir-passion – ici le hockey et le théâtre. Le dessin, en noir et blanc et touches de bleues, est moderne et extrêmement efficace. En un mot, une lecture vivement conseillée, dés 11/13 ans, avec en bonus une superbe galerie de personnage à la fin.

Alix adore le hockey depuis son plus jeune âge, et elle est très douée. Pourtant, sa capitaine ne cesse de la rabaisser, et sa coach ferme les yeux. A bout, Alix en vient à frapper Lindsay d’un grand coup de poing au visage. Elle ne comprend pas elle même son geste. Que s’est-il passé ? Elle décide de demander de l’aide à Ezra, un camarade du lycée victime d’insultes homophobes fréquentes de la part de Greg, un jeune sans cervelle. Elle aimerait apprendre à rester aussi calme que lui… Un apprentissage hors du commun, qui conduit les deux jeunes à faire connaissance et s’apprécier. Et si Alix a vite le béguin pour Ezra, il se pourrait bien que les garçons sensibles puissent aussi aimer les filles en colère… Arrivera-t-elle à se sortir de la relation empoisonnée qui la mine ? L’abcès sera-t-il crevé avec sa mère, qui ne supporte pas le hockey ? L’équilibre des amitiés existantes sera-t-il préservé ?

Le dessin est expressif, réaliste, facilitant la lecture en allant à l’essentiel. Pour autant, les éléments de contexte et décors ne sont pas oubliés : maisons en bois, sapins, patinoire, ou encore arrière-boutique et atelier de l’échoppe tenue par la mère d’Ezra. Les coiffures ondulantes, traits sous les joues et vêtements oversize donnent du style aux personnages, auxquels nos pré-ados/ados n’auront aucun mal à s’identifier. Les jeux de regard en disent long, pas toujours simple de décoder l’autre, surtout quand on a un caractère singulier, mais en communicant, on y arrive !

Une très belle leçon d’écoute, d’empathie et de soin de l’estime de soi, pour ne pas oublier que l’amour, cela se cultive et se transmet.

Chronique de Mélanie Huguet – Friedel.


©Rue de Sèvres, 2024.

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