Ouf, ça y est, le cartable était prêt, les enfants à l’heure, la maîtresse souriante et bronzée. Bref, cette rentrée est une réussite. Et comme souvent, il y a un nouvel élève dans la classe. Il vient de très loin, il a vécu des moments très difficiles. Alors, rassurez-vous ! J’introduis bien là une bande dessinée 300 % humoristique, teintée de magie médiévale-fantastique ! Vous connaissez sans doute le talent inégalé de Monsieur Lewis Trondheim en la matière… Et si vous ne le connaissez pas encore, foncez, c’est sans doute l’une des BD les plus drôles et décalée de l’année. Car le nouveau venu est… Un orc. Oui, oui, un orc, du genre pas commode avec les elfes, mangeant des rats et ne connaissant que la bagarre. Et le plus étonnant, c’est que ça ne choque personne, sauf Aurore. La jeune fille décide de percer ce mystère ! Un album à la très jolie couverture bleue ornée d’or, à dévorer, aux éditions Albin Michel.
Après un appel à beaucoup de gentillesse pour le nouvel élève, » issu d’une famille violente et bien peu cultivée « , Aurore se retrouve à côté de ce qu’il faut bien qualifier de petit monstre vert, équipé d’une massue. Son appréhension grandit quand elle apprend qu’il mange des enfants, mais aussi des chats, des poulets… Enfin bon, surtout des enfants ! Et tout le monde trouve cela absolument normal ! Et puis d’abord, comment se fait-il qu’il se retrouve dans notre monde ? Mais à cause d’un sortilège elfe ! Avant de trépasser, ses parents ont réussi à téléporter leur enfant ici. Pas d’inquiétude, loin d’être traumatisé, il est enthousiasmé par leur mort héroïque. L’embêtant, c’est que dès qu’il passe une porte, il retourne en pleine attaque de la forteresse Caldür, et doit trucider des elfes, jusqu’à trouver une nouvelle entrée. La curiosité d’Aurore et une sorte d’attachement prennent le pas sur l’effroi. Elle conseille l’original, qui s’adapte finalement plutôt bien à sa nouvelle vie. Pouvoir prendre de tout au self – mais pas la dame de cantine ; elle tu la reposes ; être invité à un anniversaire (et non, on n’offre pas d’animaux morts), et même devenir l’élève de la semaine !
Vous l’aurez compris, les conversations vont de surréalistes à incroyables. Le classique format de 6 cases est toujours aussi efficace, tout comme le dessin de l’auteur, moderne, dynamique, sans contour, allant à l’essentiel. Aurore se distingue avec ses cheveux vert, et son T-shirt orange rayé de noir : quelque part, elle est, elle aussi, un peu différente. L’orc a une bouille excellente, avec ses deux grosses dents qui dépassent de sa bouche, sa tête 3 fois plus large que celle d’un humain, et son enthousiasme qui lui donne régulièrement un grand sourire. Les gags s’enchaînent, entre visages de terreur, adultes semblant tous shootés au xanax par leurs réponses joyeuses et naïves, et réinterprétations hilarantes de nos us et coutumes.
Un appel à la tolérance et à la positive attitude, déjanté à souhait! Irrésistible.
Chronique de Mélanie Huguet-Friedel.
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