Pépin et Olivia – La grande fête de rien du tout , c’est une bande-dessinée parfaite pour les vacances d’été. Elle est publiée par Éditions Dupuis dans sa collection Les ondines. C’est beau, tendre, léger, drôle. La talentueuse Camille Jourdy, autrice récompensée en 2020 du prestigieux fauve d’Angoulême – prix jeunesse – nous apporte une fois de plus une bonne bouffée d’air frais, mettant en scène l’enfant dans toute sa spontanéité et sa présence entière, qu’il s’ennuie, qu’il joue, ou qu’il explose de joie. On pense aux dessins des jolis livres pour enfants ayant pour héros Balthazar de Marie-Hélène Place ; à Tom-Tom et Nana aussi, bien-sûr, avec la typographie composée de lettres soigneusement attachées, et avec l’espièglerie des enfants, surtout. Comme nos héros des « J’aime lire », Pépin et Olivia sont frère et sœur. A une différence près : Olivia est la grande sœur, Pépin le petit frère. Le duo est attendrissant, entre mignonneries, petites bêtises et moments de partage. A découvrir sans hésiter, de 7 à 117 ans !
Les enfants ont leur logique propre, source de multiples gags. Un chewing-gum sur la tête du voisin endormi, et pas de glaçon pour aider à décoller ? Et si on déposait de la glace aux fruits rouges ? L’imaginaire n’est jamais loin… Le cartable est sauvage, le voisin mangeur de chats, et la vieille dame au fond des bois forcément une sorcière. Pour autant, les enfants connaissent leur classique ! Père et fils sont dans la lune ; la mère sait rester calme et bienveillante ; et les enfants vivent de chouettes amitiés. En vacances chez les grands-parents, c’est le papi qui est touchant, lorsqu’il partage son rituel du petit déjeuner. Un repas de cowboy, en admirant la ronde des habitants du jardin au lever du soleil. Tout en poésie et délicatesse ! Et quand les enfants décident de ne plus revenir et de vivre.. Où ça déjà ? Ah, oui, en autonomie ! Alors la mamie sort son joker : des crêpes ! La famille est élargie à une belle tribu, des grands-parents aux amis en passant par les voisins, dans une belle ambiance. Dès lors, pas besoin d’une occasion pour faire la fête !
Je me suis régalée des couleurs, joyeuses, et des multiples détails qui enrichissent les décors. Ils nous évoquent nos propres espaces familiaux, vivants, pas rangés, l’enfant colonisant toujours certains endroits avec ses affaires oubliées et ses constructions bien à lui. Il y a quelque chose d’authentique entre les meubles en formica, le père et sa barbe de 3 jours, le chat qui trempe sa patte dans le verre, les cousinades avec les matelas par terre. Le fil des saisons apporte son lot de nuances, avec une végétation bien mise en valeur. La double page de la fête foraine est sublime, jouant des contrastes entre vert et rouge, et mettant superbement en scène chauve-souris, chouettes, têtes de mort et même un crocodile. L’ensemble suit un joli rythme, une double page sans cadrage introduisant chaque histoire, composée d’un gaufrier plus classique mais toujours justement calibré. Les personnages sont portés par un vent de liberté et de complicité qui ne demande qu’à nous porter à notre tour.
Un album gourmand, couleurs bonbons, et qui en a les douces saveurs, des dialogues aux personnages en passant par les petits moments qui font le sel de la vie, les petits riens qui font la différence. Alors, avec toute notre âme d’enfant, on suit nos 2 frangins en équilibre sur la bordure du trottoir, on saute à pied joint dans la flaque d’eau et on crie un grand oui pour cette série !
Chronique de Mélanie Huguet – Friedel


©Éditions Dupuis, 2024.