TRANSFORMERS T1 Pleins Gaz!

Quelle est la recette miracle pour réaliser un succès commercial et critique ? C’est simple, il suffit de concilier l’aspect financier à une vraie vision artistique. Transformers de Daniel Warren Johnson et Mike Spicer aux éditions Urban Comics est une production qui dépote comme un magistral bœuf entre potes. L’Energon Universe continue sur sa lancée avec au programme de la course poursuite et de la baston à gogo. Ce titre pisse du métal en fusion !

Farmingham est un bouiboui tranquille perdu au fin fond de nulle part des États-Unis, les habitants vivent au rythme de la centrale électrique. En fin de journée, la tradition veut que les winners de la lose se rassemblent au bar de la ville pour vider quelques godets. Sparky Witwicky appartient à cette confrérie, il cuve sa vinasse sous l’œil inquisiteur de son fils Spike. Jusqu’ici rien d’anormal pour la population locale, le quotidien va bon train.

Spike traine avec sa meilleure amie Carly. Son existence est banale, il rêve de devenir astronaute. Elle, est une fille un peu perchée et originale qui n’attend qu’une occasion en or pour foutre le camp de ce bouge minable.

Nos tourtereaux ont décidé d’observer la pleine lune du haut de Hanger’s Rock. Arrivés sur le plateau de la montagne, Spike et Carly tombent dans une crevasse provoquée par un séisme et atterrissent près d’une arche spatiale engloutie par la roche. Une fois à l’intérieur, ils découvrent des géants de fer inanimés complètement destroy.

Un robot va apparaître sous leurs yeux pour activer un ordinateur, le Teletraan 1, à l’aide d’une cellule d’énergie pour ressusciter ses congénères. La faction des Decepticons s’éveille la première et engage les hostilités contre ses soi-disant ennemis, les Autobots.

Starscream est accompagné de Skywarp et Soundwave. Ils n’y vont pas de main morte en orchestrant un carnage dans les règles de l’art. Les Autobots constitués d’Optimus Prime, Ratchet et Cliffjumper sortent de leur coma et s’invitent à la sauterie. La bataille prend des allures de décharge à ciel ouvert, les mandales se distribuent dans un élan de sauvagerie mécanisée. Ça sent le joint de culasse et la taule froissée.

Spike et Carly prennent parti pour le clan de Prime en co. À la mi-temps, les Autobots choisiront le repli afin de ramasser les carcasses des soldats, panser leurs plaies et établir une tactique solide. Ces tronches d’acier se servent des poteaux électriques comme défibrillateurs et ingurgitent les batteries comme des bonbons Tic Tac pour recharger leurs accus. Un bras de Megatron par ci, un coup de chalumeau par là. Voilà nos boîtes de conserve remises à neuf et prêtes à se jeter dans la mêlée.

La vallée tranquille de Farmingham se changera en stock d’épaves, l’humain flippe rien qu’à l’idée de ne plus être l’espèce dominante sur Terre.

Robert Kirkman ne s’y est pas trompé en confiant les rênes de Transformers à Daniel Warren Johnson qui nourrit de grandes ambitions pour la série. La collaboration entre Skybond et Hasbro lui donne l’occasion de se lâcher sur une licence établie. DWJ n’hésite pas à fracasser les codes du comic-book à l’aide d’un cocktail explosif de souffle épique et d’imaginaire vif. L’auteur rédige un récit blockbuster sous nitroglycérine. C’est bourrin au possible mais tellement jouissif, on en redemande ! Johnson part d’un postulat classique en y insufflant énormément de démesure et dinguerie par couches successives. Les protagonistes évoluent sous tension constante, l’histoire est sévèrement burnée. Daniel Warren Johnson se retrouve comme un gosse dans un magasin de jouets, il sort des sentiers battus et réitère l’exploit de proposer une version extravagante de personnages majeurs (Wonder Woman – Dead Earth). Le jugement dernier s’allie au cliffhanger pour enflammer chaque épisode, le lecteur ne tient pas en place.

Daniel Warren Johnson et son éternel complice Mike Spicer sont des artisans accomplis, leur mise en scène est archi-dynamique rehaussée d’une violence esthétisée qui ne demande qu’à bondir hors du cadre. Le crayon est lourd, la ligne «grasse». Le style alerte se joint à un dessin organique. L’artiste designe au cutter ainsi qu’au papier de verre et pratique le découpage à la disqueuse. Johnson y balance toutes ses tripes, c’est un magicien mécano de génie qui travaille en plan panoramique. La technique lui permet de favoriser un séquençage mixte, le trait s’unit à des perspectives insensées. Les onomatopées se fondent dans le décor et se lient à l’action, une patate d’enfer émane du gaufrier. Daniel Warren Johnson possède un talent naturel pour donner un effet 3D à certaines planches de papier pourtant en deux dimensions. Le passage au noir sent la rage, l’encrage au pinceau baveux donne du relief aux cases. Mike Spicer repousse les limites en utilisant une pigmentation rêche comme de l’asphalte. Les nuances corrosives accentuent l’atmosphère exacerbée qui se dégage de l’album, la gamme de couleurs se fond au graphisme dans une synergie exaltante.

En conclusion, Daniel Warren Johnson et Mike Spicer relancent la machine de guerre labellisée Hasbro en fanfare. Cette production déjantée des Transformers ne manque pas d’huile dans les rouages et fonce plein gaz, Michael Bay peut aller se rhabiller !

Chronique de Vincent Lapalus.


© Urban Comics, 2024.

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