Je ne sais pas si c’est parce que la journée avait été difficile ou si c’est, simplement, parce que la météo grisouillâtre m’avait collé le moral au fond des chausses, mais quand mon regard s’est posé sur la couverture de Titans, j’ai su que la guerrière dessinée là et moi, on avait des choses à se dire…
J’avoue que l’idée d’une nana badass en armure noire, l’air déterminé, la pose ultra sûre d’elle, en train de coller des mandales à qui le mérite n’était pas pour me déplaire !
Elle, c’est Iris ; membre éminent de l’armée spartiate et fille de son dirigeant, elle est l’héroïne de ce premier tome. Aux Éditions Oxymore , ils ont fait les choses en grand : c’est une série de quatre albums relatant le destin exceptionnel de quatre femmes qui nous est proposé. Dans un univers créé par Jean-Luc Istin et Sébastien Grenier, Olivier Peru est aux commandes du scénario de ce premier volet de fantasy antique.
L’action se déroule dans une Grèce imaginaire où les cités-états se font la guerre, où les hommes côtoient les mythes… Sparte et Athènes s’opposent régulièrement pour la conquête de territoires et se retrouvent aussi aux Olympiades. Ces jeux, censés être neutres, sont le théâtre de manigances, d’arbitrages de conflits et de questions politiques en combat singulier. Le cœur de l’intrigue montée par Olivier Peru repose sur l’un de ces combats : Iris, redoutable combattante spartiate, fière et invaincue rencontre le nouveau champion des athéniens, une montagne de muscles qui s’avère être également une montagne de techniques de combat… Contre toute attente, Athènes triomphe et signe par cette victoire l’exil d’Iris ; aucun vaincu n’entre à Sparte… Pourtant, il n’en est pas terminé d’elle !
Entre quête de soi au fond d’un verre de vin et rencontres plus ou moins dues au hasard, des vérités éclatent en même temps que quelques arcades sourcilières. Pas mal de sang et de larmes ; de résilience et d’espoir aussi… Ce qu’il adviendra d’elle, je vous laisse le soin de le découvrir au fil des pages savamment dessinées par Laci. En très grande fan du personnage de Sherlock Holmes, j’ai énormément apprécié de retrouver le style vif et enlevé de ses séries créées avec Sylvain Cordurié.
C’est un monde antique de colonnades et de toges drapées, de musculatures détaillées et de mouvements épurés qui s’étale sur 64 pages. Les planches sont denses, les cases rectangulaires aux formats variés se chevauchent dans un ordonnancement parfait. Pour qui aime se perdre dans les détails des vignettes, ce premier tome de Titans est un vrai plaisir de lecture. La colorisation d’Arif Prianto met l’ensemble en valeur avec une palette assez foncée alternant les bleus et les ocres. Le rendu des scènes de nuit et des scènes sous la pluie est terriblement efficace.
Une lecture de fantasy donc mais qui sort des standards en mettant l’accent sur le destin d’une femme et réservant son lot de mystères mythologiques (si vous saviez ce que c’est difficile de ne pas tout vous raconter !!). Une question perdure : à quand le second tome ?
Chronique de Louna Angèle.


©Éditions Oxymore, 2024.