La vie est un cocktail magique, venez vous divertir grâce à une lecture sans pression qui dépasse le mur du son. Kaya T1 – Les Lézardiers aux éditions Urban Comics de Wes Craig épaulé par Jason Wordie aux couleurs, narre les mésaventures exotiques d’une nana qui règle ses soucis à l’aide de son bras bionique. Le girl power élève la température jusqu’à ébullition.
Kaya et Jin sont en cavale. Jusqu’à présent, ils coulaient des jours heureux dans la province de Kahaka. Leur hameau fut rayé de la carte lors de l’invasion des Atriens, des robots assassins.
Kaya est un vrai garçon manqué au tempérament volcanique et une chasseuse sans pareil. Son demi-frère Jin est de sang royal. L’enfant est pourri gâté, il a grandi avec une cuillère en argent dans la bouche et n’est pas vraiment dégourdi. Il serait l’Élu d’or d’après des textes sacrés.
Avant de fuir, Kaya fit la promesse à ses proches de conduire Jin sur l’île des moines. Les prêtres lui enseigneront les points faibles des Atriens afin de renverser le régime de terreur semé par ces maudites machines.
Mais comment atteindre la mer du serpent étant donné que notre tandem infernal est sans ressources ?
Kaya et Jin s’acoquineront avec un groupe de Lézardiers mené par les reptiles Seth le brave ainsi que le belliqueux Zothan. Au premier abord, l’alliance ne démarre pas sous les meilleurs auspices. La méfiance règne entre les espèces, seul l’appât du gain maintient un semblant de cohésion.
Cet escadron de la mort piste le Magron, une créature d’une valeur marchande inestimable. Quel meilleur moyen que la chasse pour se renflouer les poches d’écus sonnants et trébuchants ?
Kaya et Jin se retrouvent «embourlingués» dans une mission kamikaze. Nécessité fait loi, la faim et la fin justifient les moyens. La jeune fille pourra toujours compter sur les pouvoirs de sa prothèse cybernétique. Ils seront amenés à visiter des terres empoisonnées et aideront des villageois en détresse face à des créatures cauchemardesques.
Le périple sur la route du grand nord ne sera pas un long fleuve tranquille, le destin de prophète n’est certes pas de tout repos. C’est inéluctable…
Wes Craig, coresponsable du crapuleux Deadly Class en compagnie de Rick Remender, officie avec la triple casquette de scénariste, dessinateur et encreur sur son nouveau projet personnel. L’auteur plante un décor rude, rustre et assez violent. Le récit bifurque clairement du côté de l’héroïc fantasy.
Kaya combine avec bonheur l’atmosphère d’épopée, les mythes, les légendes et les thèmes du récit fantastique à une pointe de cyberpunk. Ce buddy movie science fictionnel est archi dynamique, l’histoire fonce pied au plancher sans s’arrêter. Les interactions entre nos deux héros principaux sont à la fois touchantes et très drôles, c’est croustillant. Les dialogues sans chichi percutent les phylactères, les pages se tournent dans une frénésie incontrôlable. Ce titre se révèle être une lecture récréative, surprenante gonflée à bloc de pep’s et de pop.
Pour la partie graphique, Wes Craig joue la carte de la furie illustrative en employant un style caricatural. Sous ses faux airs naïfs ou enfantins, Le crayonné punchy éclate la composition. Les détails sont équilibrés et soignés comme il faut. Lorsque l’action démarre, le découpage se métamorphose en une partition ultra-speed qui explose tout sur son passage. Les masses d’ombres sont très bien gérées, on sent que le cerné de noir frôle délicatement l’épaisseur du trait. Jason Wordie emploie une technique de colorisation directe sur les premières planches pour plonger le lecteur dans un grand bain coloré. Pour la suite, l’utilisation des tons en aplats est prolifique. Le RAL de nuances s’accorde à l’ensemble de manière pure, hyperpigmentée et absolue. Les artistes concoctent un shot de vodka imagé pimenté.
Cette pépite indé traduite par Urban Comics est une série ludique habitée d’une incroyable sauvagerie narrative. Pour 10€, il n’y a même pas à réfléchir !
Chronique de Vincent Lapalus


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