Jungle book c’est une aventure en trois tomes réalisée par Anne Quenton pour les Éditions Dupuis. C’est une trilogie qui démarre avec un volet à la fois excitant et bien foutu dans lequel l’autrice revisite un classique avec efficacité. Il en résulte une histoire moderne destinée au jeune public que l’on découvre en frissonnant.
Dans ce premier opus intitulé La meute, l’artiste pose le cadre et attaque sans ménagement avec une confrontation claire, formelle et définitive.
Alerté par un coup de feu, un jeune couple anthropomorphe qui vit en marge de son clan vient au secours d’un bébé humain. Ils contrarient ainsi les ambitions de Shere khan un tigre sanguinaire déterminé à éradiquer la race des humains. Sa rancune, sa détermination sont évidentes. Rashka et Owen s’opposent au félin en lui refusant sa proie. Désormais, le bébé petit d’homme prénommé Mowgli sera élevé comme leur progéniture. Il partagera les jeux de leurs enfants Élio, Dany et Nola. Mais le temps de l’innocence disparaît furtivement, le danger se rapproche , des charniers apparaissent avec des totems inquiétants. La fillette grandit, cherche sa place, elle se sent différente, elle a bien compris qu’on lui cache quelque chose. L’attaque est imminente, Il est l’heure de lever les secrets. Le binôme décide de convoquer le conseil du peuple loup pour lui demander soutien et protection.
C’est un monde à la fois réaliste et mystérieux que la dessinatrice imagine, des grands espaces avec des marques de civilisation bien présentes. Les personnages s’y déplacent en voiture, sont vêtus et possèdent des fusils. Il est évident que quelque chose d’important et grave s’est déroulé, mais à ce stade, il est impossible d’en savoir davantage. Le mystère est rigoureusement entretenu ce qui est plutôt judicieux. Les informations sont habilement distillées.
L’artiste livre un dessin et une colorisation numérique très accessibles, des ambiances renouvelés qui accompagnent parfaitement une narration rythmée ou se succèdent pics de tension et phases de vie. Dans ce divertissement qui ne manque pas d’atouts, les belles illustrations ont une place de choix. Les personnages sont soignés et astucieusement composés.
La bédéiste nous surprend avec un tome liminaire alléchant, plutôt sympathique et agréable à lire, idéal pour les enfants qui aiment se faire peur. Pour les plus grands, elle ravive la nostalgie des livres importants que l’on a parcourus jadis.
C’est avec malice qu’Anne Quenton dépoussière une histoire fameuse, elle met en case une fiction inspirée et captivante remplie de références à l’œuvre de Rudyard Kipling. Entre aventure et SF, le récit est prenant et le suspense haletant. On a très hâte de découvrir la suite car on s’attache facilement à cette famille courageuse et à une petite guerrière au charme magnétique.
Chronique de Stéphane Berducat.

© Dupuis, 2024.