Oliver Harrison a la haine, la rage et il n’est pas prêt de se calmer. Notre ensorceleur revient remonter à bloc dans Vanish T2 aux éditions Urban Comics et bascule définitivement du côté obscur. Donny Cates, Ryan Stegman, J.P. Mayer et Sonia Oback orchestrent un nouvel opus plus sombre et sulfureux que le précédent.
Oliver poursuit sa chasse aux «évidés». Ce sont les partisans de lord Vanish qui lors d’une campagne sanguinaire, ont réduit les territoires magiques de l’Everkeep en cendres. Ils ont poussé les survivants à se réfugier dans le monde des communs. Nos assassins en ont fait de même à la mort de leur maître pour prendre des identités super-héroïques à l’aide de filtres magiques. Dès qu’Harrison eut vent de la supercherie, il se mit en tête de les éradiquer un par un. Ils doivent payer coûte que coûte !
Jusqu’à présent, Oliver ne s’est attaqué qu’au menu fretin. Les rebuts sans importance lui ont permis de replonger dans la pratique occulte en drainant leur énergie pour gagner en puissance après chaque combat. Notre ex-toxicomane a troqué une addiction contre une autre, sa vengeance a un effet pervers. Désormais, il va croiser le fer avec de puissants adversaires. Il commencera avec Ilynna Cavea qui possède la capacité d’altérer la psyché de ses opposants pour finir face à la barbarie du cruel Astrum Diabolus.
Simple hypothèse…et si ces bourreaux cherchaient simplement à se repentir en expiant leurs fautes passées ? Aux yeux de son entourage, notre sorcier inverse les rôles pour devenir l’ennemi public numéro un, un hors-la-loi incontrôlable. Il perd peu à peu son humanité pour se transformer en autre-chose, le monstre ultime. Sa femme Elyn sera-t-elle en mesure de renverser la situation ? Rien n’est moins sûr car même depuis la tombe, le mage noir Vanish impose sa présence et tisse encore sa toile machiavélique.
Donny Cates ternit l’image des mystiques aristocratiques propres sur eux, ils en prennent pour leur grade. Exit Stephen Strange, Kent Nelson ou le p’tit binoclard balafré de Poudlard. Il leur rentre dans le lard pour passer au broyeur les univers de J. K. Rowling, Stan Lee and co. Les devins à col bleu prennent le pouvoir, John Constantine fait des émules. L’antihéros est borderline, il est fatigué par la vie et usé par les épreuves qu’il a subies. Le récit est poisseux au possible, l’histoire joue la carte de la démesure. La série se caractérise par une atmosphère sombre qui fleure bon l’apocalypse à chaque fin de chapitre. Le casting est empli de protagonistes amoraux voire pessimistes. Cates se lâche avec une création indépendante évoluant vers une trame scénaristique oppressante. Il renoue avec le genre afin d’y ajouter une dimension nuancée, psychologique qui se complète à merveille avec l’horreur. Notre conteur pousse le bouchon loin en rehaussant l’ensemble de dialogues ciselés et cinglants. Vanish se développe comme un conte horrifique dans la pure tradition de la grimdark fantasy imagée. Au passage, l’auteur anéantit la réflexion sur la notion de bien et de mal.
Niveau graphisme, Ryan Stegman, J.P. Mayer et Sonia Oback assurent comme des bêtes. Notre trio d’artistes forge une mise en scène blockbuster et abracadabrantesque. Elle est percutée de plein fouet par un rythme endiablé ainsi qu’une composition punchy. Il se dégage du dessin un souffle ténébreux et épique. Le trait se taille au cordeau, le rendu esthétique sent le soufre des enfers. L’expressivité s’accompagne de l’agressivité, elles font transpirer les planches. Le crayon se casse la mine sur des cases aux bords rugueux, le découpage s’agence avec bestialité. L’encrage se fond dans les ténèbres et intensifie l’ambiance dark. La gamme de pigmentations est incendiaire, la couleur devient violence. Elle agresse l’œil mais maintient le climat.
Au final, Vanish se révèle une lecture surprise agréable. Urban Comics édite un titre aussi dévastateur qu’un bâton de dynamite. Maintenant, reste à savoir si la conclusion sera sur le ton de la rédemption ou de la damnation. To be continued…
Chronique de Vincent Lapalus.


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