La volière aux souvenirs

La fin de l’année est l’occasion de se rappeler ceux qui nous ont quittés et de prendre du temps pour nous et nos proches… La bande dessinée  » la volière aux souvenirs « , parue chez éditions Jungle, nous propose de le faire avec beaucoup de poésie et un dessin très tendre, de Nina Jacqmin. Parfois le deuil n’est pas achevé. La tristesse encore trop grande ou la peur de souffrir à nouveau en perdant quelqu’un peut conduire à donner moins d’amour ou être moins présent.. Comment se reconstruire ? Et comment réparer le lien du parent à l’enfant quand c’est la relation maternelle qui est affectée ? Valérie Weishar-Giuliani explore joliment ce sujet, grâce à un scénario original, aussi basé sur la transmission et l’art thérapie.

Fantine raconte depuis toujours ses souvenirs sur des feuilles pliées en origami. Elle dessine les moments chargés d’une trop grande émotion. Elle compte beaucoup pour sa petite-fille, Louison, alors que sa mère souffre d’une dépression sévère. Son mari est en effet décédé dans un accident quand Louison avait 15 ans. La jeune fille gère pourtant le quotidien, tout en rendant régulièrement visite à sa grand-mère. Celle-ci l’autorise à ouvrir petit à petit ses trésors de papier, rassemblés dans une grande volière. Elle comprend ainsi mieux les difficultés que sa mère a pu traverser, et découvre les effets positifs de transcrire en mots et dessins ses émotions. Alors que Fantine tombe dans le coma suite à un problème cardiaque, Louison va trouver les mots pour sortir sa mère de sa torpeur, quitte à la bousculer un peu. La colère des deuils peut enfin sortir, pour laisser place à l’apaisement et à des liens mère-fille renforcés.

La dessinatrice a opté pour des couleurs pastel aux tons rosacés, emprunts de nostalgie, à la façon de vieilles photographies, tout en restant chauds. Les peaux couleur pêche et les traits arrondis en on la douceur. Un voile violacé assombrit certaines pages, évoquant la tristesse des protagonistes. Mais certains souvenirs sont aussi très heureux, diplôme d’institutrice, naissance, relation romantique sous les étoiles comme sous la pluie, mariage empli de joies… L’énergie positive de Louison nous est transmise par ses sourires, ses postures sereines et dans l’action… Elle rayonne dans les reflets vermeil de ses cheveux.

La volière aux souvenirs nous invite finalement à nous libérer du passé, en intégrant bons et mauvais souvenirs pour mieux se comprendre. Une élégante BD, toute en finesse !

Chronique de Mélanie Huguet – Friedel

C Editions Jungle, 2023.

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