Bienvenue à Storyville, le quartier rouge de La Nouvelle-Orléans, à l’époque de l’Amérique puritaine ! C’est dans cette ville que grandit l’héroïne Santa, adolescente à la curiosité particulièrement aiguisée. Que vont faire ses frères au « Make love to me » ? Comment travaillent les filles de la maison close, et finalement, le sexe est-ce pareil que l’amour ? Qui est cette Lala, maîtresse de maison qui protège toutes ses filles, peu importe la couleur de leur peau ? Et qui se cache derrière le mystérieux « Vicomte », propriétaire des lieux décrit comme pervers ? La curiosité de Santa l’emmène jusqu’à s’introduire au « Make love to me », à se lier d’amitié avec ses prostituées, et même à élaborer progressivement avec elles une école du plaisir, sous-titre de la BD éditée par Glénat. Et c’est dans cette dernière partie que l’ouvrage scénarisé par Lauriane Chapeau et dessiné par Loïc Verdier s’avère le plus intéressant, et même pédagogique, autour de la question du plaisir féminin. Car dans le contexte d’une Amérique puritaine, les hommes envisagent peu d’apporter du plaisir à leurs épouses, et les femmes méconnaissent leur corps et ses mécanismes, au contraire des filles du « Make love to me » qui viendront accompagner les un•es et les autres dans leur exploration des mystères du sexe. La fraîcheur apportée par le personnage de Santa, jamais en manque d’idées audacieuses mais toujours respectueuses, qui elle aussi progresse dans son histoire intime et amoureuse, n’est pas pour rien dans le plaisir pris à lire Storyville. Lecture conseillée à partir de l’adolescence.
Chronique de Maryse Broustail


© Glénat, 2023.