Fin 2017 arrive en librairie L’opération Copperhead de Jean Harambat aux éditions Dargaud. Deux ans plus tard, nous découvrons Le detection club. Il aura fallu six ans à l’artiste pour réaliser sa trilogie anglaise. La pièce manquante est effectivement le dernier fragment qu’il nous faut acquérir pour terminer ce voyage dans les contrées british ! Un parcours où nous remontons le temps, de l’année 1977 à 1744, tout en sillonnant des périodes agitées. On y aborde divers domaines artistiques : le cinéma, la littérature et enfin celui du théâtre. Affichez une tenue décontractée et des souliers crottés, une pipe ou une tasse de « Earl Grey » et pourquoi pas un corsage baleiné bien serré et un postiche « à queue nattée ». Ces trois albums sont inspirants et passionnants.
J’ai depuis toujours une attirance toute particulière pour l’Angleterre et ses îles avoisinantes : l’Irlande et l’Ecosse. La pluie et le brouillard, les verts pâturages, le thé et le whisky. Si, je connais peu le Rugby, je ne suis pas indifférente à cette horde d’hommes enragés, qui, à force de tactiques subtiles « aplatit » le ballon ovale dans la zone d’en-but averse. Ici nous allons rencontrer tout le flegme britannique dont sont affublés les Gentlemen biens élevés. Jean Harambat, dandy des landes, nous décrit de son écriture exquise et de son dessin harmonieux, les vies captivantes de personnalités connues de la Grande-Bretagne.
Dans le premier livre, il nous emmène dans une folle aventure d’espionnage où nous serons accompagnés de David Niven, Peter Ustinov et Miss Vera. Tous les deux se retrouvent sur le tournage du film « La mort sur le Nil ». De cette rencontre découle des souvenirs, ceux où ils ont combattu côte à côte pendant la seconde guerre mondiale. Un florilège d’anecdotes toutes plus absorbantes, les unes que les autres.
Le second se déroule sur une île des Cornouailles. Les membres du « Detection Club » accueillent pour la première fois un auteur américain de romans policiers, John Dickson Carr. Ce cercle très fermé est dirigé par G.K Chesterton. On y croise presque autant d’hommes que de femmes. L’une des plus emblématiques est la célèbre écrivaine, Agatha Christie. Tout ce beau monde est invité à passer un séjour dans la propriété de Roderick Ghyll, personnage haut en couleur, inventeur et admirateur de nos gratte-papiers. Il les a fait venir pour leur présenter sa nouvelle création, un « robot » capable de résoudre les énigmes d’un récit noir en quelques instants. Quand sont réunis autant de spécialistes du meurtre, fatalement on se retrouve face à un cadavre.
La Pièce manquante, qui met finà ces péripétiesanglo-saxonne, est centrée sur une héroïne féminine. La belle et rayonnante Peg Woffington, va nous faire parcourir, avec son fidèle ami Sancho, de vastes contrées à la recherche d’un écrit disparu du dramaturge, William Shakespeare. Lasse de jouer des rôles masculins, elle ambitionne d’y trouver une figure à sa grandeur. Comme souvent, quand une chose précieuse s’est volatilisée, cela devient un trésor très convoité…
J’ai lu avec enthousiasme chacun des volumes et les ai tous aimés. J’avoue pourtant que ma préférence va à l’ultime épisode. N’y voyez aucun lien avec sa couverture verte et cette magnifique actrice à la crinière flamboyante, ce serait vraiment croire que je me limite à peu de choses… Quoique !
Vous l’aurez compris, il ne faut absolument pas passer à côté de ce triptyque, qui compile plusieurs époques et nous fait voyager au cœur d’actions insolites. Jean Harambat délaissera un court instant son Sud-Ouest natal pour une escapade Helvétique. Si vous deviez ne pas être loin de Genève ou de Lausanne les trois et quatre novembre, je vous invite à venir rencontrer cet homme charmant, capable de vous envoûter par ses vastes connaissances.
Chronique de Nathalie Bétrix

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