Par les temps qui courent, être différent n’est pas simple. Ambre est un petit garçon pas plus haut qu’une pomme et il a bien du mal à trouver sa place dans le monde où il vit. Jason Pamment, après sa première bande dessinée jeunesse Le mystère du Lac, nous revient avec l’enchanteur Ambre et l’île des créatures perdues, deux titres parus aux éditons Jungle.
Ce qui prédomine dans les récits de cet auteur, c’est la présence de flux aquatiques. Sans doute la conséquence de ses origines australiennes. L’artiste vit à Adélaïde, une ville côtière qui borde le Golf Saint-Vincent. Avant de se tourner vers le livre, il a débuté dans le domaine de l’animation. Il a conçu des courts-métrages, des clips musicaux, mais aussi des publicités et des jeux vidéo. Délaissant un peu le monde de l’audiovisuel, c’est en 2021 que paraît son premier ouvrage en anglais, qui sera traduit en français en 2022.
Mais, revenons à nos moutons ou plutôt à notre héros. Ambre est perdu dans une ville beaucoup trop grande pour lui où il rêve d’aller à l’école pour se faire des amis. Sa curiosité le mène au bord d’un établissement scolaire. Voir les enfants s’amuser dans la cour de récré lui donne très envie de partir à leur rencontre et de jouer avec eux. Perché sur un rocher, il est délogé par une balle perdue et s’écrabouille aux pieds d’un charmant bambin. Charmant, bof bof, celui-ci tente de l’écraser avec ses grosses paluches. Notre lilliputien prend la poudre d’escampette. Dans sa course folle, il ne remarque pas une bouche d’égout et bascule au fond du trou. Seul et pleurant à grosses larmes, le gamin est interpelé par une tortue. Ambre lui confie sa détresse, sa solitude, le souhait d’avoir des copains et le désir de se rendre en classe. Lua, l’ovipare, lui conte alors l’endroit où elle a passé ses jeunes années entourée de camarades et de professeurs tous plus sympas les uns que les autres. Ce lieu magique se dissimule dans l’océan. Sa nouvelle complice propose de l’y conduire.
Le voyage sera long et à leur arrivée l’île semble hostile. Elle est recouverte d’un épais brouillard et paraît inhabitée. Lua, la rassure et après lui avoir offert un coquillage, le laisse partir explorer l’archipel. En route, il croise de drôles de créatures qui se montrent peu enclines à faire sa connaissance. De bon matin, à la suite de nombreux périples et quelques frayeurs, le baroudeur se retrouve enfin au bahut entouré d’écoliers plus fantasques les uns que les autres… Cette rentrée scolaire n’est peut-être pas exactement celle dont il avait rêvée !
Exotique et lumineux, cet album est truffé de rebondissements. Parsemé d’êtres attachants et singuliers, on se laisse happer dès la première page. Le dessin est agréable et coloré. Les décors sont riches et élaborés avec une grande attention. Si certains passages sont plus sombres, on est marqués par la candeur qui se dégage de sa réalisation. Chaque personnage dans l’expression de son rôle suscite une forme de naïveté et de bienveillance. On en ressort revigorés, avec un sourire béat et une folle envie d’aimer son prochain…Ouais bon, il ne faut pas exagérer non plus !
Pour conclure, ce recueil est à mettre entre toutes les mains, que vous soyez grand ou petit. Il fleure bon les lointains horizons, l’aventure et la magie. On y détecte ce qu’il faut pour garder une âme d’enfant, il nous rappelle que nous sommes tous dissemblables et que chacun de nous cherche en soi la même chose, faire sa place auprès de nos homologues et être accepté malgré nos multiples caractéristiques.
Allez, demain promis, je sors de ma grotte et pars découvrir le monde…
Je dédie cette chronique à ma fille Ambre, atypique et vaillante.
Chronique de Nathalie Bétrix


© Éditions Jungle, 2023.