RIP T6/6 Eugène – Toutes les bonnes choses ont une fin

C’est avec brio que les deux complices Gaet’s et Julien Monier clôturent pour Petit à petit leur série trop mortelle RIP. Avec ce sixième volet intitulé  Eugène Toutes les bonnes choses ont une fin  ils achèvent en apothéose leur saga de portraits pittoresques et morbides. Après Derrick, Maurice, Ahmed, Albert et Fanette c’est au tour du colosse tatoué d’être mis en avant et il faut bien reconnaître que ce personnage a du potentiel, il est sans doute le plus con de tous, un être raciste, violent, agressif et malsain. Pas d’empathie possible, ce type est une raclure.

Gaet’s met le point final à une série parfaitement ficelée au concept à la fois novateur et efficace. Il nous a brillamment promené d’album en album en nous racontant de « sales histoires ». Il avait clairement annoncé la couleur avec le premier tome et il est parvenu à maintenir le niveau, à nous livrer toutes les pièces du puzzle signant finalement un polar succulent, une fable horrifique prenante saupoudrée de très nombreuses références.  Il a puisé tour à tour dans la littérature, le cinéma, la chanson mais également le neuvième art. Il a habilement fait monter la sauce et il nous tarde désormais de parcourir l’exposition prévue cette année à quai des bulles. Elle devrait avoir des allures de bouquet final, en attendant la mini-série ce qui pourrait être (on croise les doigts) une excellente nouvelle.

S’il y a au départ une bonne idée, il y a aussi un rythme et une curiosité malsaine, un côté pervers et immoral en chacun de nous que Gaet’s excite avec beaucoup de talent à grand renfort de mouches et autres insectes sélectionnés avec finesse.

L’autre point fort, c’est évidemment le dessin semi-réaliste de Julien Monier et cette aptitude à composer des tronches, des acteurs qui s’agitent comme ils le peuvent dans une vie peu reluisante. Les décors sont toujours sinistres, travaillés et crédibles enrichis par une colorisation numérique et des effets néon qui nous plongent dans une ambiance suffocante.

RIP c’est une œuvre qui s’est imposée d’emblée recevant un succès public et critique mérité. C’est aussi un projet original, inventif, cohérent et structuré qui tient toutes ses promesses.

Chronique de Stéphane Berducat.

© Petit à Petit, 2023.

Laisser un commentaire