Holyland, c’est un seinen culte qui arrive enfin en France dans la collection de mangas Vega chez Éditions Dupuis.
Cette dernière a été créée en 2018 et s’adresse à un large panel d’amateurs avec différents titres Shôjo, Shônen et Seinen. Une pluralité intéressante qui permet de découvrir des mangas variés.
Dans un Japon actuel (début des années 2000), sur un thème souvent abordé : le harcèlement, mais un harcèlement profond, moral et physique. Yû Kamishiro est un jeune lycéen, sans ami, frêle, il semble pathétique et complètement démuni. Il a été le souffre-douleur dans son précédent établissement et reste très marqué par cette horrible expérience. Il erre dans le quartier Shimokitazawa comme une âme en peine.
Vu sa petite taille et son manque de carrure, il est rapidement victime d’une agression lamentable… Mais, contrairement aux apparences, Yû ne se laisse plus faire, il réagit. On ne sait pas comment il a appris, mais il maîtrise le jab-cross, un enchaînement de base de la boxe, et ses agresseurs en font les frais. Ces Yankees (jeune japonais au look américain) vont désormais se faire chasser. Enfin, comme c’est toujours lui la victime, il ne fait que se défendre…
Porté par des jambes brinquebalantes et couvert de sueur, la petite brindille pique avec une grande précision et porte des coups puissants à ses différents assaillants.
Sa réputation grandit vite et beaucoup souhaitent le trouver pour le défier, ou le retrouver pour se venger. Bien que délibérément violent, Yû ne souhaite qu’une seule chose, pouvoir simplement vivre et réussir à se faire des amis.
Présenté comme cela, ce manga peut paraître réellement agressif, mais ce n’est pas le cas. L’ambiance est sombre et oppressante, on a l’impression que toute l’intrigue se développe dans un espace relativement réduit, du lycée au quartier, et cela joue sur le côté sombre du récit. La suite s’annonce épique.
Voici le premier manga de Kouji Mori, un mangaka expérimenté qui est l’auteur de plusieurs séries à succès. Celle-ci, Holyland, est une série terminée complète en 18 tomes, elle est parue dans les années 2000 au Japon, inutile de préciser qu’elle était très attendue en France par les fans. Ses autres grandes séries sont Suicide Island et Genesis, qui ont été plébiscités lors de leur sortie.
Notons également que l’artiste est également un ami d’enfance de Kentaro Miura, le créateur du non moins culte Berserk, et c’est à lui qu’a été confiée la réalisation de la fin de la série.
Holyland c’est avant tout la première réalisation d’un mangaka devenu culte. Le scénariste parvient à nous plonger dans son ambiance en quelques cases, il déroule son histoire avec une parfaite maîtrise, l’intrigue avance, lentement mais sûrement, avec des petites surprises distillées patiemment. Il donne même, fait rare, son avis de temps à autre à des moments bien précis. On sent qu’il est à l’aise et sûr de lui.
Le dessin est très particulier, il reste beau et classique mais les scènes d’action me rappellent deux mangas complètement différents. Ses positions, ses réflexions et son envie de rester en vie me rappellent la hargne d’un Ryo Narushima, dans « Coq de Combat » (manga culte mais à l’ambiance glauque et malsaine), ce dernier souhaite rester en vie plus que quiconque. Même si on n’en est pas là avec Yû, sa silhouette menue a quelque chose de commun avec un Narushima en début d’opus. Il me rappelle aussi Hajime no Ipo , grand manga sur la boxe. Les planches sont vraiment magnifiques et très réalistes.
Au niveau des personnages secondaires, pour le moment personne ne sort du lot à l’exception d’ un jeune homme, combattant lui aussi, étonné qu’un tel débutant puisse faire preuve de tant de talent et de détermination.
Personnellement, je trouve que c’est très réussi, très abouti pour une première œuvre. Vous l’aurez compris, je suis fan, je trouve que c’est à découvrir. Je me lance dans le tome deux dans la foulée, il est d’ailleurs sorti au même moment.
Chronique de Camille Rappeneau.


© Editions Vega Dupuis, 2023.