L’ADOPTION Cycle 2: 1/2 WAJDI

Après la conclusion déroutante du premier cycle de « L’adoption » chez Grand Angle, Zidrou et Arno Monin se font vite pardonner avec une amorce de second acte aussi prometteuse qu’inspirée.
L’album est intitulé WAJDI, le nom de son personnage principal un petit garçon Yéménite qui débarque en France alourdi par un passé que l’on devine douloureux. Après de longues procédures, l’enfant de dix ans arrive dans un foyer accueillant. Gaëlle et Romain Guitry composent un couple bourgeois bien installé qui a longtemps fantasmé l’arrivée de ce petit être, mais ils vont se confronter à une dure réalité, une adaptation complexe que l’auteur nous dévoile avec agilité et tendresse.
L’ancien instituteur est doué pour évoquer les sentiments qui nous habitent, il possède d’indiscutables aptitudes pour transmettre les émotions sans être très bavard. Avec lui, l’amour transpire. Il excelle pour développer avec tact et pertinence des sujets délicats. Il aborde avec finesse les complications qui peuvent survenir lorsqu’une procédure de cette nature arrive à son terme.
On saisit rapidement les recherches accomplies et les témoignages recueillis pour traiter avec une telle subtilité d’une thématique dont on ne voit souvent que le bon côté.
Il nous donne à voir tous les points de vue, celui d’un gamin d’abord parachuté dans un endroit qui lui est étranger et dont il ne maîtrise ni la langue, ni les coutumes mais également celui des parents forcément bousculés par des réactions, comportements induits par un vécu traumatisant. Le dentiste bédéphile et son épouse libraire vont devoir relever un défi de taille. Malgré leur quarantaine et leurs deux enfants, ils n’étaient pas du tout préparés.
Et puis, il y a les proches qui s’interrogent, les amis, l’administration…. Le scénariste nous explique que la bienveillance et les bonnes intentions ne sont pas toujours suffisantes, hélas.
Il agrémente la narration de formules habiles, de touches d’humour et de références culte.
Côté dessin, une fois encore Arno Monin offre une prestation graphique réaliste, détaillée et agréable. Son découpage est vivant et dynamique L’expressivité des personnages fait l’objet d’un travail spécifique au même titre qu’une grande attention portée aux décors et aux ombres.
Les couleurs numériques de l’artiste offrent un rendu aquarellé élégant qui confère au livre dessiné une ambiance spécifique et un ancrage dans le présent saisissant.
WAJDI est un opus à la pagination généreuse qui nous embarque complètement. C’est une œuvre universelle qui suscite empathie et réflexion, nous interpelle et ne laissera personne indifférent.
Qu’est-ce que tu attends pour le découvrir?

Chronique de Stéphane Berducat.

© Grand Angle, 2023.

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Cette série propose son lot d’émotions. J’ai bien aimé la lecture de ce tome 3 (ou tome 1 du deuxième cycle). Il faudrait que je me procure la suite, car la fin de ce tome nous tient en haleine.

    J’aime

Laisser un commentaire