Alors, je vais vous le dire tout de go, le sport et moi ça fait deux ! Vous allez donc vous demander ce qui m’est passé par la tête lorsque j’ai eu la bonne idée de prendre en main la BD de Grégory Panaccione L’encyclopédie du tennis tout ce qu’il faut savoir pour devenir un champion, aux éditions Fluide Glacial. Ben vous savez quoi, moi aussi je me le demande ! Enfin, cette bande dessinée humoristique est réalisée par Grégory Panaccione, ce qui n’est déjà pas rien en soi, mais et surtout, j’avais adoré son petit ouvrage Match publié en 2014 par Éditions Delcourt dans la chouette collection Shampooing. Malheureusement, il n’est plus disponible pour le moment. J’y ai découvert Marcel Costé, amateur et joueur de tennis insolite, à l’allure improbable. Si le premier album est sans texte, la deuxième vogue entre les deux. Parfois, on est happés par les doubles pages muettes, avant de nous absorber dans les bulles et le franc parler de l’ami Costé !
Affublé d’un pantalon mi-long, d’une tunique toute droit sortie du moyen-âge, ainsi que de grosses chaussures en cuir, notre « sportif du dimanche » possède un moral d’acier. Il fut formé par les plus grands maîtres Shaolin au Japon, à la façon de l’élite du kung-fu. La phrase qui le porte tout au long de ce rude apprentissage est la suivante, « N’oublie pas le Ki ». Mais qu’est-ce donc que le « Ki » ? Dans ce sport légendaire, qui a fait son apparition à la préhistoire et qui aurait fait un carton à l’époque du Far West, il est recommandé au public de fermer son clapet. Les joueurs, quant à eux, plus ils gueulent, plus ils font parler leur « Ki ». Et oui, rappelez-vous les grondements irritants de Sharapova qui ont été mesurés à plus de 100 décibels ou les « Ah-heuuu » gutturaux de Nadal. Si vous voulez en imposer sur le parterre, laissez parler votre « Ki ». Un autre truc que ce cher Marcel nous apprend, cette chose que moi j’ai assimilé il y a longtemps, c’est que ça ne sert à rien de vouloir s’hydrater avec de l’eau, alors que l’on peut siffler, entre deux sets, un litron de rouge ou, même s’il ne le propose pas, une chope de bière ambrée bien fraîche. Vous l’aurez compris, Marcel et Grégory vous apprendront tout ce que vous devez savoir pour devenir le meilleur joueur du court. Vous avez toujours des doutes ? C’est pourtant le champion n° 1242567 au classement atp mondial qui vous le dit. La classe !
Ayant chroniqué, il n’y a pas très longtemps, La petite lumière de Panaccione, je ne m’étalerai pas davantage sur son excellent travail. Je peux toutefois vous garantir que le bédéiste est aussi à l’aise dans les titres introspectifs, que dans ceux plus légers. Graphiquement son trait est vif, expressif et il colle avec chacune des histoires qu’il nous propose. Les thématiques sont variées, parfois tristes, sombres ou drôles. Il fait tout simplement partie de ces artistes qui ne s’enferment pas dans un seul domaine. Il sait me surprendre, j’ai donc invariablement un immense plaisir à me plonger dans ses nouvelles créations.
Vous n’étiez peut-être pas des experts de la petite balle jaune lors des derniers tournois de Roland-Garros et Wimbledon, mais si vous potassez à fond L’encyclopédie du Tennis et retenez toutes les informations et conseils de l’incroyable Marcel, vous pourrez faire le tour des circuits en 2024 et rencontrer l’athlète, certes un peu bourré et, pourquoi pas, lui demander des nouvelles du jeune retraité Roger Federer. Si j’étais française, vous m’auriez entendue hurler cocorico, mais comme je suis suissesse, je vais donc me taire et m’effacer comme tout bon Suisse ! Yodeleu yodeleu yodeleu….
Chronique de Nathalie Bétrix