LA CHAMBRE DES OFFICIERS

Il y a quelques années, j’ai lu le roman de Marc Dugain La chambre des officiers qui conte l’histoire de son propre grand-père, et comme beaucoup, je l’ai trouvé remarquable… en suis ressortie l’intérieur tout chamboulé, le cœur tout retourné…

Quand on m’a proposé la lecture de son adaptation en bande dessinée, parue chez Bamboo Édition dans sa collection Grand Angle, j’ai opiné illico et la curiosité en bandoulière, me suis à nouveau plongée dans 14-18, les gueules cassées, le souvenir de Clémence, la chambre sans miroirs du Val-de-Grâce, le regard de l’autre, l’Amitié… dans l’humain… ce qu’il a de plus odieux… ce qu’il a de plus beau…

La couverture d’abord m’a interpellée, le buste d’Adrien Fournier, personnage principal, de profil, en tenue d’officier, image scindée en son milieu par le dessin d’une bande de papier déchiré et qui laisse apparaître sous la gueule d’ange, la mâchoire à nue ; l’image de l’ange en couleur, regard vif et inquiet, boutons d’uniforme dorés, la mâchoire, elle, en ébauche crayonnée grise. J’ai trouvé le choix de cette couverture, signée Alain Grand, extrêmement pertinent et efficace comme prélude au contenu de l’histoire que je connaissais déjà. Y résonne la teneur du drame d’Adrien sur fond de Grande Guerre.

Les 72 pages de vignettes rectangulaires qui suivent sont entrecoupées d’extraits de l’œuvre originale ; le scénario de Philippe Charlot, en se focalisant sur les nœuds narratifs essentiels de l’écrit premier, les ressentis du narrateur et personnage principal, respecte la teneur du roman ; quelques ellipses forcément mais qui ne nuisent en rien à la compréhension du message véhiculé par Marc Dugain et repris avec intensité dans cette adaptation très réussie. La mise en page est classique et aérée, les grandes vignettes alternant avec de plus petites pour une lecture linéaire aisée. Au crayon, Alain Grand réussit à rendre expressifs les visages qui n’en sont plus, à faire parler les regards… Fort ! A la colorisation, se trouve Tanja Wenish qui inscrit l’ensemble de l’ouvrage dans une sobriété des couleurs qui colle parfaitement au récit, des bleus marines, des bruns, des ocres, des rouges foncés…

Je n’ai pas le souhait d’entrer dans les détails du parcours d’Adrien Fournier mis brillamment en dessins ici parce qu’il m’apparaît essentiel de vous le laisser découvrir. Piqûre de rappel historique autant qu’ode à l’espoir, à la bienveillance et à l’entraide, « La chambre des officiers » est une histoire dans l’Histoire, où se mêlent les petits riens individuels, les romances et les chagrins, la joie de l’Amitié sincère, la force que l’on y puise, et les grands événements qui ont marqué le début du XXème siècle.

Oui, vraiment, je vous conseille cette lecture… pour Adrien, Henri, Pierre, Clémence, Marguerite… et tous les autres…

Chronique de Louna Angèle.

© Grand Angle, 2023.

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