Le mois de mars nous amène le printemps et le très beau nouveau titre de Cyril Bonin Stella, aux éditions Vents d’ouest. Si cette saison nous apporte le réveil de la nature, avec ses couleurs et ses odeurs fleuries, l’histoire de cette bande dessinée nous transporte dans un monde de rêve et de volupté… L’auteur n’a pas son pareil, pour me faire entrer avec délectation dans tous ses récits. Qu’il en soit le scénariste ou pas, qu’il ait adapté un roman, je passe à chaque fois un moment de lecture étourdissant. Ma première immersion dans le monde de Bonin fut le tome un de la série Fog scénarisée par Roger Seiter aux éditions Casterman, des enquêtes policières à l’époque Victorienne, en plein cœur de Londres. J’ai tout de suite été séduite par son dessin aux traits acérés comme une lame de rasoir. Suivront Quand souffle le vent (Dargaud) avec à l’écriture, Laurent Galandon et Chambre obscure un diptyque également édité par Dargaud.
Mon amour pour cet auteur, s’il était déjà bien installé, a pris toute son ampleur le jour où j’ai lu La belle image, adaptation d’un roman de Marcel Aymé et son premier titre chez Futuropolis. A partir de là, chacune de ses parutions fut comme un jour de fête. Si j’ai une préférence pour les textes plutôt sombres, voir trash, je me retrouve tel une midinette devant ses récits sentimentaux. Mon côté romantique explose. Il faut quand même que je m’explique. Ses histoires, si elles parlent d’amour, ont la particularité d’être ambiguës, impossibles, intemporelles et nostalgiques. Il s’y dégage douceur et sensualité, ainsi que de la fougue et de l’audace. Tel une étreinte amoureuse, cela peut être doux, violent, me laisser hors d’haleine ou triste, totalement en ébullition…. Si tous ses titres furent pour moi une explosion d’émotion, il y en a deux qui l’ont été plus que les autres. Tout d’abord The time before sorti en 2016 aux éditions Bamboo et maintenant Stella. Le côté rétro qui émane de ces deux livres, n’y est pas pour rien. Les décors sont fabuleux et les personnages parfaits. Sa prédilection pour la couleur verte, brune, jaune et ocre, donne une ambiance particulière, belle à tous ses albums !
Cette aventure se passe à notre époque dans la ville de New-York. Taylor Davis est un jeune écrivain qui a connu un certain succès avec ses titres précédents. Depuis un certain temps, il est confronté à la page blanche et ne sait pas trop comment faire avancer son histoire. L’action se déroule dans les années 50. Années, où les femmes avaient peu de droit, mis à part ceux de tenir la maison, s’occuper de leur famille et rester à leur place. Stella, son héroïne, s’interroge par rapport à tout cela. Taylor, devant toutes les questions qu’elle se pose va entamer le dialogue avec elle. Pour lui, son égérie devient plus que son personnage de fiction. Le jour où il pense pouvoir inscrire le mot fin, voilà que celle-ci fait irruption dans son appartement. Pour la jeune femme, cette nouvelle époque est plutôt perturbante. Les femmes travaillent, elles votent, sortent seules aux restaurants. Heureusement pour elle, l’écrivain est plutôt vieux jeu, la transition se fait donc en douceur. Grâce à l’apparition de son personnage, son livre devient un immense succès. Mais il n’en faut pas plus pour que des individus malveillants veulent s’approprier l’apparition à des fins scientifiques…. S’en suit une course poursuite vers l’avant, où se mêlent amitié, amour et trahison.
Ce récit est indéniablement dans l’air du temps. Des situations tel que le féminisme, la question migratoire, les relations entre écrivains et éditeurs y sont abordées, mais aussi, la jalousie, la malveillance et la sournoiserie. Tout y passe et est mis en image avec justesse et éloquence. Cyril Bonin et assurément doué ! Arriver à rassembler autant de thématiques qui font notre actualité en un seul ouvrage et cela sans que ce soit excessif, je trouve cela brillant. Une fois encore, je suis sortie de tout cela enchantée et magnifiquement comblée !
Chronique de Nathalie Bétrix.
Je ne lis pas énormément de BD donc c’est sympa de tomber sur un blog (tout mimi en plus !) qui permet de s’y retrouver un peu 😉
Les dessins de Stella ont l’air très ciselés et attirent ma curiosité en tout cas.
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Merci et bienvenue.
Je suis plus réactif sur http://www.facebook.com/laccrodesbulles/
A vite.
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